Her Job (critique) : une émancipation comme autre aliénation
Panayiota est une épouse et une mère de deux enfants, femme au foyer dans une famille de la petite classe moyenne grecque.
Suite à la très violente crise financière et sociale dans laquelle a été plongée le pays, elle se voit contrainte de travailler. et va accepter un rôle de femme de ménage.
Dans ce beau portrait d’une femme sans qualification professionnelle qui, en trouvant du travail, va faire la découverte de l’autonomie et de l’indépendance, Panayiota va trouver dans son travail une forme de libération et l’estime d’elle-même qu’elle va reconquérir, permettra de lui donner un sens à sa vie grâce au lien social retrouvé.
Paradoxalement, l'émancipation de cette femme va passer dans un premier temps par une autre forme d’aliénation, à savoir un travail de manutentionnaire éreintant.
Au fil d'un récit déployé sans pathos et avec une grande justesse le cinéaste grec Nikos Labot démontre avec justesse et acuité à quel point notre Panayiota, l’archétype de la femme, mère et employée "modèle", doit constamment prouver à sa famille, à ses employés et aussi, même si cette prise de conscience arrive plus tard, à elle-même qu’elle mérite le respect sur un pied d’égalité, surtout lorsqu’on la sous-estime.
Cette histoire est racontée de la manière la plus réaliste possible, dans ce drame social fort et exigeant qui dépeint de manière austère mais réaliste comment la crise financière a irrémédiablement bouleversé les relations au sein des familles , et servi de prétexte pour intensifier l’exploitation des femmes
L’histoire de Panayiota décrit l’absurdité d’un système qui touche le monde capitaliste confronté à la rentabilité à tout prix.