Directrice de Prison : Christelle Rotach nous montre à voir le monde derrière les barreaux !
"La peine de prison réparera t- elle jamais le mal commis? Je ne le crois pas. Elle posera les termes de la punition, elle assénera à la société le temps d'oubli nécessaire pour continuer à vivre, mais guère plus."
Dans la lignée de notre article de ce matin sur l'exposition autour du monde carcéral proposée par le Musée des Confluences, un petit mot sur une parution récente qui vient prolonger la réflexion sur le sujet.
Cet ouvrage est écrit par une spécialiste de la question, Christelle Rotach, dont le propos se démarque du bien pensant et des discours utopistes sur ce thème souvent repris par les discours des politiques .
Il faut dire que Christelle Robach témoigne d' un parcours vraiment singulier dans le monde carcéral : pendant plus de 20 ans, elle aura été à la tête de plusieurs maisons d’arrêt dont celles de Lyon, Fleury-Mérogis, Nanterre ou Les Baumettes à Marseille.
Son dernier gros chantier dans ce secteur a été la Prison de la Santé, dont elle a réouvert les portes après quatre années de fermeture. Désormais, et le livre se clôture sur cette nouvelle perspective, elle a rejoint le ministère de la justice où elle est inspectrice générale, un rôle plus calme mais où l'adrénaline est forcément moins présent.
Ce livre , co écrit avec la journaliste Delphine SAUBABER est l'occasion de livre un état des lieux aussi juste que terrifiant du milieu carcéral, un milieu souvent explosif , un monde où les tensions entre détenus et surveillants sont quotidiennes, mais où la solidarité et l'entraide existent parfois.
- Dans cette plongée unique dans ce monde carcéral si secret, Christelle Rotach aborde énormément de sujets sur ,la vie entre les murs: les personnalités médiatiques incarcérées ( Tapie, Benalla, Colonna, Treiber., la violence parfois terrible entre détenus, le phénomène de radicalisations , la vétusté des établissements pénitenciers, le manque de formation du personnel ou bien encore la difficulté d'être une femme quand on occupe un poste de directrice dans ce milieu forcément très machiste et viril.
Alors que la barre très symbolique des 70.000 détenus en France a été dépassée récemment,
Une lecture profondément intéressante, qui du fait de son authenticité et du caractère entier de son auteur, nous permet de voir différemment ce sujet ô combien délicat :
Quelques extraits de ce livre choc :
" C'est pour parler de la condition carcérale et de ce qui nous concerne tous que j'ai choisi de briser mon mutisme et de raconter de l'intérieur le cambouis, le rythme infernal de la maison d'arrêt..l'inquiétude, les violences et la mort"."
"La corruption est un véritable fléau dans la pénitentiaire. Un détenu voit arriver un stagiaire surveillant qui émarge pour 1 500 euros par mois, on lui dit : Je te mets 2 000 euros sur ton compte si tu arrives à me faire entrer un portable. Et une fois que le gars est pris à la gorge, parce qu'il suffit d'une fois, impossible de revenir en arrière : Si tu parles, je dis que tu as rentré la came."
"Des détenus ont attaqué deux surveillants stagiaires sur deux étages différents. L'un a été tiré dans les douches par plusieurs types qui l'ont bastonné. Une autre, une femme, un tout petit gabarit, a été scotchée au mur par un colosse qui l'a maintenue en l'air par la gorge et l'a cognée… Tout ça pendant qu'un autre groupe refusait de réintégrer les cellules après la promenade."
Directrice de prison, paru le 3 octobre, aux éditions Plon