”Le lac aux oies sauvages” / "Lune noir” : noir...c'est beau mais noir c'est... vain?
Beau, sombre, poisseux, mais un peu vain : voilà ce qu'on a pensé d'un film et d'un livre vu et lu très récemment :
1/ Le Lac aux oies sauvages, Diao Yinan ( en salles depuis le 25 décembre)
Un début prometteur, une fin formidable, entre les deux une course poursuite dans les bas-fond d’une ville pourrissante et gangrénée. La pluie, la nuit, esthétiquement c’est une réussite, chaque plan est orchestré, éclairé et filmé avec préciosité et une sacrée maitrise.
Les décors labyrinthiques sont judicieusement utilisés, mais on le sait depuis longtemps, et surtout depuis son sublime Black Coal, Diao Yinan maitrise la forme, dommage qu'encore plus qu'avec Black Coal, le fond ne suit pas vraiment .
Plus dur, moins ironique que Tarantino il filme le sexe et la violence sans distance, cash.
Oui c’est certainement formidablement filmé mais pourquoi on n'a pas accroché et on s'est même bien ennuyé pendant la projection de ce lac aux oies sauvages ?
Il faut dire que l' intrigue est bien trop emberlificotée, des ellipses et un scénario qui patine tout de même pas mal, bref on s’ennuie un peu et surtout il est très difficile de s’attacher à un chef de gang, aussi creux et peu incarné, fut-il beau gosse et ténébreux, poursuivi par une bande rivale très méchantes et par la police complètement dépassée.
Une police qui là encore n'existe jamais vraiment tant le cinéaste ne cherche pas à faire vivre ses personnages, préférant largement l'esthétisation d'un récit aussi ténu que les cigarettes que les protagonistes ne cessent de fumer.
En conclusion ‘'”Le lac aux oies sauvages” est un beau film noir virtuose sur la forme mais malheureusement bien trop vain et vide sur le fond....
Jamais le cinéaste ne dépasse l'exercice de style, aussi beau soit il.
Certains ont regretté son absence au palmares du dernier festival de Cannes, vous vous douterez que nous n'en faisons pas forcément partie :o)
Dans la série beau et vain à la fois je voudrais le livre.
Il suffisait de demander, petits impatient que vous êtes : il s'agit de 2/ Lune noire d' Anthony Neil Smith paru en septembre dernier aux éditions Sonatine, les grands maitres du roman noir .
Anthony Neil Smith est rédacteur d’un prestigieux magazine littéraire et professeur de philosophie dans la prestigieuse Southwest Minesota State University alors évidemment il sait écrire et il le fait bien.
Mais alors pourquoi le lecteur ne s’intéresse-t-il vraiment pas à une bande de bikers dégénérés dans laquelle a trouvé refuge Billy Laffite, un ancien flic en disgrâce avec sa hiérarchie ?
Sexe et violence trash, c’est formidablement orchestré mais les protagonistes de cette tragédie de l’Amérique profonde sont d’une bêtise et d’une méchanceté qui empêche toute empathie. “cette Lune noir marque un polar efficace, poussiéreux, noir et là encore hélas, un peu vain.
Il manque de la chair et de la profondeur pour n'être autre chose qu'un polar défouloir sympathique.
Premier volume d’une série annoncée, Lune noire ne promet pas forcément de très glorieux lendemains .
Anthony Neil Smith, Lune noire (Yellow Medicine, 2008), Sonatine, 2019. Traduit par Fabrice Pointeau. 294 p.
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