Les femmes de.. CATERINA BONVICINI ose une comédie à l'italienne féroce et jubilatoire
"Alors qu’importe si on me dit que je suis trop vieille pour conduire ma voiture ou faire un tour en bateau, on n’est jamais trop vieux pour sa propre indépendance. C’est elle qui maintient en vie justement, qu’est ce que tu crois. Justement "
Voici un roman dont je ne savais pas grand chose (pour ne pas dire rien) mais que j’ai eu envie de lire juste parce qu’il se passait en Italie.
Toutes les femmes de Vittorio (son ex-femme, sa femme actuelle, ses deux filles, sa soeur, sa mère et son amante) se retrouvent autour de la même table pour le réveillon de Noël et l’attendent. Mais alors que la soirée file, un sms arrive les informant qu’il ne les rejoindra pas ni ce soir ni demain et qu’il a besoin de temps loin d’elles.
Avec cette famille de la bourgeoisie milanaise que Caterina Bonvicini passe à la moulinette, l'écrivaine écrit un roman drôle et diablement intelligent.
. En plus, on ne s’ennuie jamais, l’écrivaine passant d’un point de vue d’une femme à une autre à chaque chapitre. Le passage sur l’appartement à la montagne divisé entre plusieurs femmes et source perpétuel de conflits est particulièrement jouissif !
Le passage sur l’appartement à la montagne divisé entre plusieurs femmes et source perpétuel de conflits est particulièrement jouissif !
Certes, ces femmes nous paraissent agaçantes, étouffantes, castratrices (est ce qu’on peut être castratrice avec une autre femme ou existe-t-il un mot plus juste pour cela ?) et puis assez vite dans le récit, on aperçoit autre chose de plus émouvant, de plus profond quand elles cessent d’organiser leur vie autour de Vittorio.
Cerise sur le gâteau : l'écrivaine garde le meilleur pour la fin avec une dernière partie plus émouvante.
Vittorio y prend la parole et à travers lui, on comprend que c’est toute une société étriquée et piégée dans ses normes et conventions que Caterina Bonvicini dénonce. Un roman intelligent et prenant de bout en bout
"J’ai compris que je devais m’en aller -loin de toutes mes femmes -quand je me suis rendu compte que je n’étais pas libre de pleurer chez moi. Les adultes n’éprouvent pas si souvent le besoin de pleurer. Arrivés à un certain âge, on est presque déçus par cette incapacité – mais comment donc je souffrais autrefois-, au lieu de ça, les gens se dessèchent.
Les femmes de, Caterina Bonvicini, traduit de l’italien par Lise Caillat, Gallimard.