Le «Soit dit en passant » de Woody Allen est-elle une bonne autobiographie ?
La parution de l ’autobiographie de Woody Allen, Soit dit en passant, était prévue pour le 29 avril.
Elle a été décalée au 3 juin en raison de la pandémie de coronavirus chez les éditions Stock.
Une sortie assez discrète vu les accusations portées sur le cinéaste depuis quelques années, mais que les cinéphiles que nous sommes, fan du cinéma allénien depuis plus de 40 ans ne pouvaient pas ne pas lire ...Verdict ? Un peu mitigé:
« Et puis, être misanthrope, ça a du bon…les gens ne vous déçoivent jamais. »
Mettons d’emblée les choses au clair, Woody Allen a été relaxé après les plaintes déposées contre lui par Mia Farrow. Il n’y a pas eu de procès car aucune charge n’a été retenue après plusieurs enquêtes.
De plus Ronan Farrow qui est certainement un excellent journaliste d’investigation- on avait aussi lu en début d'année son livre sur le scandale Weinstein- s’est décrédibilisé cet hiver en affirmant à un journaliste du Monde que son « père » était poursuivi dans plusieurs affaires de meurs aux Etats-Unis.
Après vérification, il se trouve qu’aucune plainte n’a jamais été déposée contre Woody Allen autre que celle de Mia Farrow. La loyauté filiale et le ressentiment font parfois déraper les meilleurs.
Mais l’intérêt principal de cette chronique, si intérêt il y a, devrait être plutôt : « Soit dit en passant » est-elle une bonne autobiographie ?
Si vous avez aimé « Stardust Memories », « Radio Days », Broadway Danny Rose », « La Rose Pourpre du Caire », Coups de feu sur Broadway »…, vous adorerez la première partie de la vie de ce génial sociopathe, avec gourmandise et nostalgie il nous fait visiter les coulisses de l’Entertainment américain.
Si vous vous souvenez avec plaisir de « Annie Hall », « Manhattan », « Le complot d’Œdipe », « Harry dans tous ses états », « Celebrity »…. Vous apprécierez de suivre les déboires sentimentaux et l’analyse faussement modeste de ce parfait narcissique.
Et si vous avez adoré « Crimes et Délits », « Maris et femmes », « Match Point », « Le rêve de Cassandre »… vous vous délecterez des 120 pages que Citizen Allen consacre à l’Affaire et à sa vérité.
….".L'accusation d’abus sexuel sur mineur a été récusée par les enquêteurs de la protection de l’enfance de l’Etat de New-York, qui ont scrupuleusement examiné le cas pendant quatorze mois et en sont venus à la conclusion suivante dans un rapport établi le 7 octobre 1993 :
« Il n’existe aucune preuve tangible que l’enfant dont le nom figure ici ait été sexuellement abusée ou maltraitée. La déclaration a donc été considérée comme dénuée de fondement.
Mais avant la publication de ces rapports, une audience pour statuer sur le droit de garde fut organisée au tribunal. Certaines personnes croient encore qu’il s’agissait d’un véritable procès et que je m’en suis tiré à bon compte »
On peut regretter que l’Affaire, justement, prenne un peu trop de place au détriment de ses vingt-cinq dernières années de création.
Si comme nous, vous avez déjà eu l'occasion de dévorer d'autres biographies d'Allen, par exemple, celle des entretiens du cinéaste new yorkais avec Eric Lax, vous n'apprendrez pas forcément grand chose avec ce « Soit dit en passant »
Toutefois, ne boudons pas notre plaisir, cette biographie reste un vrai plaisir de lecture.
Il faut dire qu'elle est à l’image de son auteur, très drôle-, il ne manquerait plus qu'elle ne le soit pas- mais aussi instructive, sincère et profonde.
Woody Allen, Soit dit en passant, Stock.
L'ouvrage est notamment disponible dans l'excellente librairie de L'institut Lumière spécialisée dans le cinéma
Michelio