Critique : La Nuit venue : C'est beau Paris la nuit..
On a l'impression que tous les cinéastes du monde ont filmé Paris sous toutes les coutures et que les films se déroulant dans la capitale française se ressemblent tous plus ou moins et surtout ne peuvent s'empecher de véhiculer une image de carte postale que même un génie comme Woody Allen n'a pas vraiment réussi à éviter.
Et pourtant La Nuit venue, étonnant premier long-métrage de Frédéric Farrucci tourné en plein Paris et surtout en pleine nuit, donne une image singulière de la ville lumière, apportant une dimension assez magique et mystérieuse à la cité française.
Son Paris nocturne, dense et truffé de néons a des allures du cinéma de Wong Kar Wai ou du Michael Mann de Collateral, magnifié par la bande originale composé par l'illustre musicien électro Rone qui électrise un film noir vraiment percutant.
Frédéric Farrucci et son chef opérateur Antoine Parouty illuminent avec un grand soin les rues sombres d'un Paris, qui sert de décors à une lutte d’immigrés clandestins exploités par une mystérieuse triade peu scrupuleuse .
La Nuit venue raconte la rencontre nocturne de deux solitudes, une call-girl et un immigré chinois clandestin contraint de rembourser sa dette à une triade en étant chauffeur VTC.
Ces deux âmes solitaires perdues dans une ville où la violence et la luxure impriment chaque ruelle n'ont qu'un horizon pour s'en sortir: quitter cette ville tentaculaire pour une autre ville, plus lumineuse, plus dégagée...
Tous deux rêvent d’une nouvelle vie et veulent fuir une capitale à la fois sombre et oppressante.
La Nuit Venue a mis presque dix ans pour se monter et le cinéaste a rencontré son lot de déconvenues mais a réussi à perserverer coute que coute et garder sa sortie en salles dans une période confinée particulièrement délicate et, au vu du film, on ne peut que s'en féliciter.
"La nuit venue" qui éblouit par sa belle esthétique nocturne, séduit aussi par ses personnages qui conservent leur mystère jusqu'au bout d'un dénouement qu'on devinera forcément sans issue.
Dans le role principal, pour sa toute première expérience au cinéma Guang Huo particulièrement charismatique face à une Camélia Jordana loin de ses rôles précédents- Le brio.- pour camper une call girl mystérieuse et sensuelle.
Si le scénario peut parfois sembler un peu ténu et aurait sans doute mériter quelques scénes supplémentaires pour qu'on croie encore plus à la destinée de ces deux anti héros, La Nuit venue imprime incontestablement la rétine grace à sa belle poésie urbaine et sa beauté formelle.
Un film de Frédéric Farrucci.Le 15 juillet au cinéma.