Baz'art  : Des films, des livres...
7 septembre 2020

Rencontre avec Stephanie Gillard pour le film "Les joueuses "

Les footballeuses de l'Olypique Lyonnais sont les vedettes d'un documentaire qui sortira sur les écrans le 9 septembre, "Les joueuses, #paslàpourdanser".

Un bien bel hommage à l'équipe-phare du foot féminin et un plaidoyer pour l'égalité des sexes au sein du sport le plus populaire en France, un long métrage qu'on a chroniqué ici même.

Mercredi dernier, à la suite de la récente victoire des joueuses de l'OL- 7e sacre européen et 5e de suite rien que cela -, on a rencontré la cinéaste qui nous a tenu les propos suivants sur son film :

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  L'idée de départ du film?

 "Selon moi, les gens ne s’intéressent pas au football féminin parce qu’ils ne connaissent pas les joueuses. Pour qu’il y ait de l’engouement, il faut pouvoir s’identifier à des champions / championnes. Même si elles gagnent tous les titres, si on ne connaît pas les personnalités, ça ne prend pas"

Avec ce film, je voulais inviter les spectateurs à découvrir une équipe féminin comme Stephane Meunier l'a fait en 1998 avec les hommes pour le mythique les yeux dans les bleus.L’idée était d’entrer au coeur d’une équipe, à la rencontre de joueuses professionnelles d’exception."

  Pourquoi les filles de l'OL?

 " Le choix de l’équipe féminine de l’OL m’a semblé une évidence. Pas seulement parce que leur palmarès est remarquable, et que sont les meilleures joueuses du monde, mais parce que ce club a été précurseur.

Très tôt,  dès la fin des années 2000,  son Président Jean-Michel Aulas a décidé de développer le football féminin et d’y mettre les moyens, à une époque où beaucoup trouvait cette discipline inappropriée.

Aujourd’hui, grâce à la confiance et à la considération qu’il a su porter aux joueuses, l’équipe féminine de l’OL est leader à l’international et fait rayonner la ville au plus haut niveau européen. La preuve que la volonté permet de montrer le chemin et provoquer des situations à priori imprévisibles.

Comme le président Jean-Michel Aulas nous a ouvert en très grand les portes du club, ça a ensuite été une évidence pour nous que cela se passe à Lyon  »

 


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Filmer une équipe de sportives, en quoi est- ce différent que de filmer des sportifs?

En fait, ça aurait pu être une équipe de garçons, pour moi, c’était  pareil. Car comme dit Eugénie  Le Sommier, un des footballeuses de l'OL dans le film : « c’est les autres qui te renvoie ça,  mais pour moi un garçon ou une fille, c’est pareil  ».

A celles et ceux qui veulent comparer, voire opposer le football masculin et féminin, j’ai juste envie de dire qu’il n’y a qu’un seul football, et que la joie de jouer est la même pour une fille ou un garçon. 

Du coup je n’ai pas du tout abordé le film par cette question. Au départ je me suis juste dit qu’il était peut-être temps qu’une équipe féminine ait « son » film, qui raconte la vie quotidienne d’un groupe de femmes sportives de haut niveau, qui raconte la construction d’une équipe féminine de l’intérieur dans une aventure sportive. 

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La portée féministe du film arrive ainsi à quel moment dans le processus?

Il est vrai que les dimensions féministes,  le sujet les porte en soi : dès qu’on s’y intéresse, on s’en rend vraiment compte. 

Mais à vrai dire , c’est la productrice Julie Gayet, qui m’a amenée à me confronter à cette idée  que raconter une équipe féminine allait forcément raconter aussi une évolution féministe.

Questionner le rôle de la féminisation du football revient à scruter la place occupée par les femmes dans le sport-roi chez les hommes en Europe , à interroger les freins qui en limitent l’expansion et, au-delà, à analyser les facteurs d’inégalité dans la société en général

Comme si la quête de la victoire sportive se doublait d’une autre victoire, sur la société cette fois.

J’ai donc cherché à les filmer comme une équipe de foot avant tout, et les questions féministes sont apparues naturellement, car ils y sont confrontées tous les jours.

Si les joueuses de l'OL e réjouissent du chemin parcouru depuis leurs débuts amateurs de leur carrière dans les années 2000 et le passage à la professionnalisation (les premiers contrats en 2009), elles n’ignorent pas l’importance de tous les efforts encore à accomplir pour parvenir à la parité, à une égalité de traitement matériel et humain afin d’exercer convenablement leur profession. 

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 Un film avant tout sur la transmission ?

 "En fait, que ce soit dans mon film sur les indiens Sioux ou sur le foot au Cameroun, je me rends compte que je fe fais toujours des films sur des groupes et sur la transmission. En tournant Les Joueuses, je me suis rendue compte que ça allait aussi être un des axes majeurs.

Au fur et à mesure du tournage, s’est dessinée cette idée de lien intergénérationnel. C’est quelque chose de très présent à tous les niveaux de l’équipe de cette génération de filles qui ont connu le football amateur et qui côtoient désormais celles qui signent des contrats à seize ans,

Je pense à Wendie Renard, Amandine Henry ou Amel Majri qui jouent un peu le rôle de grandes sœurs, de passeuses de valeurs et d’expériences auprès des nouvelles recrues de l’OL (notamment Selma Bacha et Melvine Malard).

Bien sûr, elles les conseillent en terme sportif, en stratégie de jeu, en technique, en préparation mais elles leurs transmettent aussi et avant tout des valeurs, une histoire, un objectif qui est commun à toutes ces femmes footballeuses.

C’est peut-être cela qui fait la force de cette équipe. J’ai l’impression que toutes ont compris combien il est important de savoir d’où l’on vient pour savoir qui l’on est et être plus forte."

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Votre plus grande surprise en entrant dans les vestiaires de ces championnes?

"Pour moi, le plus étonnant dans cette aventure,  cela a été la sérénité, l’absence totale de doute qui se dégage du groupe. J'ai pu voir malgré la pression des gros matches une équipe de joueuses rayonnantes, heureuses d’être et de jouer, unies  dans le plaisir sain et la même passion du foot.

Leur professionnalisme est leur dynamisme, qui semble se nourrir d’un parfait mélange de sérieux et de légèreté, de décontraction et de concentration.

Sans doute, le poids des enjeux financiers ne pèse-t-il pas trop lourdement sur leurs épaules et n’entrave pas, par conséquent, leur état d’esprit, et le climat dans lequel elles évoluent et continuent de s’épanouir.

J’ai ainsi  cherché  avec la caméra à capter des échanges, des regards, de ce qui est au cœur de la construction d’une équipe.

Leur solidarité est frappante. L’entraineur-adjoint m’a confié que de toute sa carrière de joueur et d’entraîneur, il n’avait jamais vu un tel esprit d’équipe, avec le plaisir de jouer, de travailler, d’être ensemble. Elles sont tout le temps dans la compétition, mais c’est souvent bon enfant.

Ce qui m’a marquée aussi, c’est leur emploi du temps, le fait qu’elles n’aient en général qu’un seul jour de libre par semaine (et encore) entre les entraînements, les matchs, les engagements auprès des marques, elles n’ont plus trop de vie à elles…

 J’ai toujours pensé que jouer au foot de manière professionnelle était un sacerdoce, mais je ne pensais pas que c’était à ce point." 

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 Filmer des matches de foot, en quoi est ce-difficile?

"La plus grande difficulté, ce fut à coup sûr les contraintes  d’organisation  (le planning des matchs et des joueuses avec l’arrivée de la Coupe du Monde), de droits (on ne peut pas filmer comme on veut un match), de secrets de coaching qui ne doivent pas être rendus publics, de matériel  (on ne pouvait pas avoir 4 caméras), de l’incertitude  du sport ( on ne sait pas quand va avoir lieu un but, même s’il va y en avoir !) ...

Il a fallu s’organiser et prendre certains partis-pris de réalisation pour chaque situation.

Pour les matchs, je voulais absolument filmer les matchs à hauteur des joueuses. Pour encore plus faire ressentir au spectateur cette impression  d’être sur le terrain avec les joueuses.

Lors de mes  repérages, j’avais pu regarder un match France - Etats- Unis de cette manière et j’avais été scotchée par ce changement de point de vue.

On est loin du rectangle vert comme on le voit à la télé, cela  permet ainsi de voir la position des joueuses sur le terrain, le coté tactique, mais on est beaucoup plus dans le ressenti, les regards, l’émotion, l’effort."

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 Parler de football féminin, c'est aussi aborder l'évolution des femmes dans la société?

"Au fil du montage j’ai compris que ce film serait bien d’avantage qu’un simple témoignage sur une formidable équipe de football féminin, mais marquerait une étape décisive dans l’évolution que ce sport connaît déjà depuis quelques années.

En 2020, la pratique  féminine  du football  aura 50 ans. Que de chemin parcouru dans les mentalités, dans la société. Mais la route est encore longue avant que chacune et chacun puisse choisir son lieu d’expression en fonction de ses aspirations et talents, s’autoriser à rêver et se donner les moyens  

En France, ça l’est surtout depuis la demi-finale  de l'équipe de France à la Coupe du monde 2011. On a fait beaucoup de chemin en dix ans, même si on aimerait que ça aille beaucoup plus vite. 

En meme temps, Le football  dépasse de loin son seul pré carré ; il apparaît à bien des égards comme un accélérateur de progrès social pour la liberté des filles et des femmes, et l’envisager à l’aune de la parité entre les sexes constitue un formidable projet de société ."

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Festival Sport, Littérature et Cinéma
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Des scénarios de courts et longs métrages seront également lus par des comédiens professionnels. La direction artistique des lectures de scénarios de courts métrages sera assurée cette année par la réalisatrice et scénariste Cristèle Alves Meira.

Le jury Longs métrages sera présidé par l’actrice, scénariste et cinéaste Nicole Garcia.

https://www.premiersplans.org/fr

 

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