Critique cinéma : SHORTA: le cinéma danois a aussi ses Misérables
Quelques mots sur un excellent premier long métrage danois ( décidemment le cinéma danois est à l'honneur après le beau Flee qui a triomphé à Annecy), vu en décembre dernier en compétition dans le cadre du Festival de Cinéma Européen des Arcs, et qui sort mercredi prochain en salles.
Réalisé à quatre mains par Frederik Louis Hviid et Anders Ølholm « Shorta »est un peu la version nordique des « Misérables » auquel on ne peut s'empêcher de penser pendant tout le film .
Alors qu'une une bavure policière a mis met en feu aux poudres dans la cité de Svalegården, au Sud du Danemark , Jens HØyer et Mike Andersen, deux policiers en patrouille dans le secteur, vont tenter d’échapper vivant à ce qui ressemble à une vraie chasse à l’homme sans pouvoir bénéficier de renforts pendant plusieurs heures .
Les deux officiers vont tenter de se défendre face à la colère des habitants et également de trouver une issue à ce piège qui en semble dépourvu.
Shorta prouve que la thématique des cités qui s'embrase suite à une bavure policière possède une dimension universelle et n'est pas la chasse gardée des Etats-Unis et de la France comme on pourrait le croire par chez nous.
Comparer Shorta aux Misérables de Ladj Ly est un réflexe un peu facile mais néamoins évident, même si le film du duo Frederik Louis Hviid et Anders Ølholm lorgne aussi pas mal du coté des premiers films du trop mésestimé cinéaste américain Walter Hill ( Les guerriers de la nuit , Les rues de feu), surtout dans sa seconde partie,
Une seconde partie, où une fois le contexte social défini, la chasse à l'homme ne s'embarrasse plus trop de psychologie et de scénario, privilégiant ( fort efficacement) l'action et le suspens.
Jakob Ulrik Lohmann et Simon Sears ( un acteur qu'on avait adoré dans la série Au nom du Père ) composent un duo de flics antinomique good cop/bad cop qui fait beaucoup penser à certains films américains comme le Training Day d'Anthony Fuqua.
Sans doute que comparé aux Misérables, l'écriture de ces deux personnages manque un peu de finesse dans leur opposition, le film étant sans doute plus faible dans sa partie narrative, même si on lui portera à son crédit le fait d'assumer sa subjectivité en épousant la vision des policiers mais sans les rendre profondément empathique non plus.
Ce qui est certain, c'est que Shorta possède un gros atout : sa gestion de l’intensité dramatique et sa façon dont les réalisateurs savent gèrer la montée de la tension, qui va crescendo.
Shorta est particulièrement intense et riche en adrénaline avant un final qui ne prête pas forcément à l'optimisme... comme chez Ladj Ly, me diriez vous et vous aurez raison !
Copyright Alba Films
DATE DE SORTIE : 23 JUIN 2021
Réalisateurs : Anders Ølholm et Frederik Louis Hviid
Genre : Policier, Drame
Durée : 1h48
Nationalité : Danemark