Biopic : Gwenaëlle Aubry raconte une Saint Phalle profonde et ludique
« Elle ne se raconte pas d’histoires, elle ne se bande pas les yeux : elle cherche derrière le crime privé, la loi générale. Cette loi qu’elle énonce, c’est celle de la domination, de la tentation du pouvoir absolu, mais aussi d’une « fausse » révolte et d’une « lamentable rébellion ». Elle n’aura, pour trouver la sienne, qu’à en inverser les termes : créer, au lieu de détruire, passer du côté des dominés, aller vers la « vraie révolte » : « Le viol me rendit à jamais solidaire de tous ceux que la société et la loi excluent et écrasent. » Il faut, pour mener à bien pareille inversion, un sacré courage, et un formidable appétit de vie. De fait, tout se passe comme si elle était étrangère aux passions tristes. « Ne pas rire ; ne pas pleurer, ne pas détester, mais comprendre » : on connait la maxime de Spinoza. Saint Phalle ne pleure pas (ou juste des pierres), elle comprend, mais elle rit – et elle raille, elle déraille, elle déteste, aussi, on y viendra. »
Pour Nikki Saint Phalle, l’enfance est un monstre auquel elle tentera toute sa vie d’échapper. Artiste enfant aux sculptures primitives et monumentales.
Artiste enfant qui redonne au visiteur de ses œuvres un regard innocent mais étrangement inquiet.
Artiste enfant soldat peignant aussi bien au pinceau qu’à la carabine.
Toute l’œuvre de Nikki Saint Phalle sera monumentale, extra-ordinaire et féminine.
Sculptrice mère abritant son enfance, une enfance morte lorsqu’elle fut violée par son père à l’âge de onze ans. Nikki Saint Phalle qui fait de sa souffrance d’immenses bulles de tendresse protectrices et colorées autant que de géantes puissantes et dévorantes. Nikki Saint Phalle papesse et magicienne surréaliste sera de tous les combats politiques, philosophiques et sociaux de son époque.
Gwenaëlle Aubry nous invite à une lecture profonde et ludique de l’œuvre de Nikki Saint Phalle.
Manuel d’histoire de l’Art, récit d’Histoire tout court, mais aussi tendre autofiction, la romancière explore la vie et les blessures de l’artiste et nous propose un autre regard sur son travail.
En refermant son livre, il nous vient une furieuse envie de Toscane pour musarder et se perdre dans son Jardin des Tarots, au Pays des Merveilles de Nikki...
Saint Phalle Gwenaëlle Aubry: Monter en enfance
Editions Stock
Parution le 8 septembre 2021