Critique cinéma : La dégustation : une comédie romantique gouleyante à souhait !
En 2019, l'auteur, metteur en scène et réalisateur Ivan Calbérac, crée la comédie romantique La Dégustation au Théâtre de la Renaissance.
Ivan Calbérac avait déjà marqué les esprits avec ses précédentes œuvres : Venise n’est pas en Italie, ainsi que L’étudiante et Monsieur Henri. Calbérac, homme charmant au demeurant, privilégie un style populaire et assumé, qui plaît au plus grand nombre tout en réussissant ici et là quelques jolies nuances de teint bien menées. .
Ainsi, sa dégustation est une pièce de théâtre charmante dans laquelle plusieurs personnes d'horizon différentes se retrouvent chez un caviste.
La dégustation avait rencontré un beau succès , courroné par un bien mérité Molière 2019 de la meilleure comédie.
Ne pouvant, confinement oblige prolonger le succès parisien par une tournée en province, Ivan Calbérac,a désiré adapter La Dégustation pour le grand écran.
La dégustation, le film comme la pièce, remplit tous les critères du cahier des charges d’une comédie populaire efficace et gouleyante à souhait, pour tisser la métaphore oenologique : des personnages attachants, de l’humour joliment ciselée dans les situations et les répliques, un ressort plus dramatique, un peu de grivoiserie, un happy end..
On aime chez Ivan Calbérac la douceur dans le regard et les références clairement assumées aux comédies américaines des années 1950 auxquelles elle ressemble; la .référence à Ernst Lubistch étant d’autant plus assumée que l’univers du spectacle évoque aussi le petit commerce de The Shop around the corner...
Un autre grosatout du film est évidemment le fait que le réalisateur a eu envie de reconstituer sur les planches et désormais à l'écran le couple Campan-Carré, quelques vingt années après "Se souvenir. des belles choses.."
Le sujet, ici, est plus léger que dans le film de Zabou Breitman, où ils incarnaient deux amnésiques sur fond de tragédie inéluctable.
Il faut dire que le duo fonctionne aussi bien, nourrie par une complicité évidente.
En prenant des faux airs de comédie romantique cette Dégustation permet aux deux protagonistes de briller.
L'adaptation cinématographique d'une pièce jouée une bonne trois centaine de fois fonctionne parfaitement : les décors se sont ouverts, les personnages secondaires se sont incarnés, de nouveaux sont apparus.
L'occasion d'y entrer de nouveaux personnages, les sans-abri d'Hortense ou sa maman, absents de la scène.on est bien sortis du huis-clos pour ouvrir un champ de possibles interprété avec talent par talent les comédiens de la pièce.
Outre le duo vedette, on pourra citer les excellents Eric Vuillard et Mounir Amamra, inattendu dans le rôle de Steeve,qui reprennent tous leurs roles avec un plaisir évident et qui ont réussi à faire sortir leurs personnages du cadre théâtral.
Le décor typiquement provincial de Troyes et sa jolie boutique est aussi un joli hommage aux petits centre-villes, aux commerçants de proximité, aux passionnés de leur métier, et aussi parfois à leur solitude personnelle.
Le vin fait ici office de catalyseur, de révélateur de l’inconscient des personnages, à travers une perte de contrôle, qui les verra parfois fuir, mais le plus souvent se lâcher et oser vivre leurs élans.
Comme Isabelle Carré l'assume dans le dossier de presse : on ressort de cette histoire avec l’envie de serrer les autres dans ses bras. On devient plus heureux.
On espère qu 'elle sera entendue et que cette dégustation sera un beau des succès de la rentrée cinéma, comme l'avait été d'autres adaptations théatrales déjà un peu anciennes* ,à l'heure où on demande aux spectateurs de revenir dans les salles..
* on pense évidemment au dîner de cons ou Le Prénom.
Film découvert lors de sa sélection au festival du film français d'Aix les Bains