Critique : Blue Jean: une histoire de luttes et de déchirements intérieurs
1988, l’Angleterre de Thatcher. Jean, professeure d’éducation physique homosexuelle, mène une double vie depuis le vote d’une loi stigmatisant la communauté gay.
L'irruption de Loïs dans la vie de Jean., adolescente de 15 ans qui aimerait assumer son homosexualité ajoute une couche de complexité dans le malaise qui l'habite.
Car si l’homosexualité ne tombe plus sous le coup de la loi, la discrimination active instaurée par la Section 28 empêche toute une génération de véritablement pouvoir vivre sa vie librement.
Jean est enseignante, et elle doit à chaque instant surveiller ses mots et paroles, être transparente pour qu’on ne se doute pas de qui elle est en dehors de ces murs.
En situant son film en 1988, Georgia Oakley revient de façon pertinente sur une période à la fois révolue et qui résonne étrangement avec l'actualité
En campant son décor sur les lois rétrogrades et homophobes de Thatcher, Blue Jean, à voir en salles, le 19 avril prochain, aborde avec tact et acuité la question du sexisme ordinaire et de l'homophobie ordinaire.
Le combat des homosexualités face aux contraintes sociétales est souvent montré du coté des militants et des opprimés, moins des gens lambdas qui aspirent juste à vivre normalement sans forcément militer.
Ainsi, Blue Jean sonde une problématique assez rarement traitée dans le cinéma queer- mais qu'on avait retrouvé l'an passé au OFF d'Avignon dans la pièce Une vie est une fête : celle de la transmission (de savoir, de vécu, d’Histoire…) de génération en génération.
Cette leçon, Blue Jean l’aborde avec beaucoup de douceur et de déchirements intérieurs, portée par une remarquable comédienne Rosy McEwen, complexe et ambigüe, qui sait exprimer avec grâce toutes les nuances des évolutions intérieures et la sorte de honte qu’elle ressent peu à peu de ne pas arriver à représenter un exemple de fierté et de liberté pour la jeune Lois.
Blue Jean est entièrement bâti autour de son personnage principal, son regard définissant le champ d’étude du film, un panorama exhaustif des communautés gays du Royaume-Uni.
Doté d’un propos et d’une esthétique forte, "Blue Jean" se montre captivant tout du long, et avec ses airs bienvenus à la résistance, apparaît comme un très beau premier film, qui, au delà de son sujet si essentiel encore aujourd'hui
Située dans une Angleterre dirigée d’une main de fer par Margaret Thatcher , Blue Jean traite avec finesse et intelligence des lois visant les homosexuels et du climat homophobe qui parcourait la société. Rosy McEwen, complexe et ambigüe, y est épatante pic.twitter.com/oduLFI3iQO
— Baz'art (@blog_bazart) April 8, 2023