[CRITIQUE] LE CIEL ROUGE : Christian Petzold à son meilleur..
Quatre jeunes gens sont réunis l’été dans une maison au bord de la mer, et en lisière d’une forêt qui ne va pas tarder à brûler.
Leon, auteur prometteur qui termine son roman, et Felix, étudiant en art, veulent profiter de ces quelques jours pour avancer leurs travaux personnels.
En arrivant, les deux amis découvrent une invitée surprise : Nadia ,lumineuse dans sa robe rouge, vend des glaces pendant la saison et squatte la plus grande chambre avec David ,sauveteur en mer, bronzé et musclé.
Réalisateur talentueux et incarnation d'un cinéma allemand contemporain, Christian Petzold revient avec un nouveau film : LE CIEL ROUGE, qui sort ce mercredi en salles après avoir remporté l’Ours d’Argent (Grand Prix du Jury) au dernier Festival de Berlin.
Dans Le ciel rouge, Petzold prend ses distances avec le coté cérébral et un peu austère de ses oeuvres précédentes, notamment Ondine, long métrage profond mais un peu austère) pour aller notamment, et assez étonnamment doit on dire, sur les rives du film d’été aux accents rohmériens (notamment celui de La Collectionneuse à qui le début du film fait penser).
Mais comme Christian Petzold est un réalisateur particulièrement doué et même un peu pervers, son Ciel rouge va toujours chercher à déjouer les attentes du spectateur et n'hésite pas à verser dans un mélange des genres qu’il a toujours cultivé
Si les premières scènes de ce ciel rouge pourraient laisser à penser qu'on est dans un shlasher movie (des amis arrivent dans une maison perdue dans foret à la fois immense et hostile) ou dans un film catastrophe avec cette menace d'incendie qui encercle la maison en question, on verse progressivement dans un marivaudage en étant témoin d'une jubilatoire valse sentimentale des désirs avant de bifruquer du coté de la tragédie cruelle dans sa dernière partie.
Particulièrement maitrisé et brillant, "Le ciel rouge" est avant tout une fable sur la perte de l’insouciance et sur l’immense courage que demande la conquête de la beauté..
Personnage complexe et peu sympathique, Leon est le centre de gravité du film.. Ecrivain au génie incompris qui se place en position d’observateur et pourtant, tout à son égocentrisme pathétique, il stagne dans son amertume en marge de la vie.
Non sans une certaine cruauté, Petzold met en place tout un jeu de miroirs qui circonscrit l’espace du désir et sa dénégation par notre anti héros.
Le film vaut d'ailleurs énormément par la présence radieuse de Paula Beer, déjà présente dans Ondine (sorte de muse du cinéaste, la seconde après Nina Hoss qui jouait dans les premiers longs du réalisateur) et qui incarne ici une Nadja qui habite le film par la seule intensité de sa présence.
Incarnant le désir dans toute sa globalité, Nadja traine dans son sillage une aura de rêverie qui contribue à faire de ce Ciel rouge une oeuvre douce amère, à la fois plein d’humour et empreint d'une douce mélancolie profondément rassénérante.
Le film Le ciel rouge sort au cinéma ce mercredi 6 septembre 2023
Distributeur : Les films du Losange
L excellent cinéaste ’allemand Christian Petzold signe sans doute une de ses œuvres les plus accessibles avec #lecielrouge qui commence comme un film de genre avant de tourner au marivaudage rohmerien moins léger qu attendu..du grand cinéma en salles le 6.09 pic.twitter.com/Srh14DNIn3
— Baz'art (@blog_bazart) July 11, 2023