[CRITIQUE] :Last Dance : la danse pour panser les maux..
La 14e édition de la Biennale de la Danse de Lyon commence samedi, du 9 au 30 septembre 2023. avec en grand point d'orgue le défilé dimanche dans les rues de Lyon.
La Biennale de la Danse sera aussi à l'affiche des cinémas lyonnais avec deux films présentés en avant première dans les cinémas lyonnais.
On vous parle des maintenant du premier d'entre eux, Last Dance avec en tête d'affiche un François Bérléand qui se met à la danse contremporaine à 70 ans passés :
Germain, septuagénaire misanthrope et taciturne, perd subitement sa femme. Pour tenir une promesse faite à son épouse, il s’inscrit en secret dans la troupe de danse contemporaine de Maria Ribot à laquelle sa défunte compagne participait.
C’est alors un nouveau monde que Germain découvre, où l’expression du corps est au cœur de toutes les libertés, un moyen de ne pas céder à la dépression et de se libérer du poids de l'inquiétude de ses enfants, omniprésents jusqu'à l'étouffement.
Après "Le milieu de l'horizon" (avec Laetitia Casta) et "Puppylove" (avec Vincent Perez) pourrait largement être celle d'une tragédie sur un deuil impossible mais la réalisatrice suisse préfère aborder ce sujet sous le ton d'une comédié de situation légère qui insiste sur la découverte mi amusée mi convaincue de Germain d'un monde dont il ignore tous les codes.
L’inaccessibilité du monde de la danse contemporaine comme métaphore du saut dans l’inconnu d’une vie nouvelle pour Germain, mais c'est aussi l’outil permettant à Germain de se reconstruire.
Le film exalte la danse contemporaine, qui permet une utilisation très démocratique du corps. Dans Last danse, le corps est pensé comme un objet qui cherche à s’exprimer et exprime la volonté de celui qui le possède et non la volonté d’une chorégraphie froide et calculée.
Le film se révèle malin avec le personnage de Germain - Francois Berléand acteur qu'on voit beaucoup au cinéma mais qu'on a l'impression de redécouvrir dans un role tout en retenue- qui s’exprime peu sur son deuil et qui apparaît même largement physiquement fatigué, se retrouve contraint d’extérioriser ses émotions à travers son corps.
C’est ainsi que, petit à petit, il se réapproprie sa vie, son corps, et fait son deuil.
L'exultation du corps apaise les peines de l’âme c'est la belle idée de cette comédie sans prétention et dont les moyens paraissent parfois un peu limités mais qui rassénère le spectateur par son message général.
Le scénario évite les situations attendues (la représentation que la troupe prépare ne provoquera étonnamment ni tensions particulières ni sacrifices) et préfèrera insister avec légereté sur la danse contemporaine, orchestrée par la formidable chorégraphe Maria Ribot.
Si la mise en scène se veut discrète, le récit distille de très belles idées d'écriture, notamment à travers cette tendresse qui affleure partout, parfois maladroite comme les enfants de Germain inquiets jusqu'à la névrose (le personnage du fils bien difficile à supporter), parfois très jolie à l'instar de ces lettres que Germain et Lise se laissaient dans les livres de la bibliothèque.
Last Dance, film sans doute un peu trop sage dans son traitement- c'est un peu l'anti Black Swan- contient cependant un certain nombre de propositions intéressantes, qui en font une œuvre qui mérite qu’on y consacre une heure trente.
Réalisé par Delphine Lehericey
Sortie en salles le 20 septembre 2023
Avant-première du film Last Dance! à Lyon au Comoedia ce Vendredi 8 septembre à 20h00