Critique : L’abbé Pierre, une vie de combats : un biopic profond et émouvant
"J'ai passé ma vie à combattre la faim, le froid, la misère, la solitude. J'ai fait tout ce que j'ai pu pour aider les autres. Est-ce-que ça a suffi? Est-ce-que j'ai réussi à changer les choses? Est-ce-que je laisse derrière moi un monde meilleur?"
C'est par ces propos que s'ouvre le long-métrage de Frédéric Tellier, retraçant 60 ans de la vie de l'Abbé Pierre.
Écrit par le réalisateur Frédéric Tellier et Olivier Gorce, le scénario de L’Abbé Pierre, une vie de combats revient sur les 70 dernières années d'un homme né et élevé dans la religion catholique, déterminé à devenir prêtre, mais dont le destin va être bouleversé par la Seconde Guerre mondiale qui fera de lui un résistant sous le nom d’abbé Pierre.
Député de Meurthe-et-Moselle, fondateur d’Emmaüs Hervé Groues de son brai nom fut une grande figure française qui n’a jamais cessé de se battre pour les sans-abri et pour donner une voix à ceux qui n’en ont pas.
Le film est entrecoupé de séquences de fiction, d’archives télévisuelles et de coupures de journaux et utilise également en voix off certains écrits de l’abbé Pierre.
Une production de 2 h 13 qui propose un portrait plutôt nuancé de l’abbé, sans oublier de dresser quelques une de ses zones d'ombre, de son addiction aux médias (et aux amphétamines à une période), les tentations narcissiques, les regards des femmes… »
Evitant l'écueil hagiographique, Frédéric Tellier filme l'abbé à hauteur d'homme et parvient à en brosser un portrait fort et complexe et mettre en scène doutes et fragilités d'un homme qui resta, de 1989 à 2003, au firmament des personnalités préférées des français.
De la création des premiers foyers d'action sociale Emmaüs "où l'on retrouve l'espoir et le courage" en passant par l'appel de l'hiver 54 sur Radio Luxembourg, aucun des grands combats de l'Abbé Pierre n'est oublié dans ce film qui met en lumière son courage dans la lutte contre les injustices.
Par touches délicates, le biopic évoque aussi l'itinéraire spirituelle de la voix des sans voix qui sut mobiliser les forces de vie chez les plus démunis.
Retracer soixante de cette vie était un pari ambitieux que le réalisateur relève avec talent, 35 ans après la sortie d'Hiver 54, film qui avait valu le César du meilleur acteur à Lambert Wilson (1990).
Benjamin Lavernhe, campe avec une grande précision et une belle intensité cet homme devenu « la voix des sans voix », tandis qu’Emmanuelle Bercot joue avec énormément de subtilité Lucie Coutaz, celle qui fut pendant 40 ans la secrétaire du « saint homme », femme un peu oubliée des tablettes que le film réhabilite joliment .
L’Abbé Pierre, une vie de combats ,à voir mercredi jour de la sortie nationale du film réalisé par Frédéric Tellier.