Baz'art  : Des films, des livres...
29 janvier 2024

ENTRETIEN AVEC GILLES PERRET, réalisateur du film La ferme des Bertrand

Photo 6 LA FERME DES BERTRAND Copyright Laurent Cousin

 

50 ans dans la vie d’une ferme….installée au hameau de Quincy  en Haute Savoie  1972 : la ferme des Bertrand, exploitation laitière d’une centaine de bêtes tenue par trois frères célibataires, est filmée pour la première fois en  1997.

En voisin, le réalisateur Gilles Perret leur consacre son premier film, alors que les trois agriculteurs sont en train de transmettre la ferme à leur neveu Patrick et sa femme Hélène. 

Aujourd’hui, 25 ans plus tard, le réalisateur-voisin reprend la caméra pour accompagner Hélène qui, à son tour, va passer la main. 

La ferme des Bertrand, qui sort en salles, ce 31 janvier  et qu'on a vu en décembre dernier à Royan est le fruit de ces différents témoignages filmés.

On avait rencontré le réalisateur et sa scénariste et compagnon Marion Richoux à cette occasion et la sortie dans deux jours du long métrage est l'occasion de mettre en avant ce précieux échange :

perret-1-12

Gilles Perret et la co scénariste du film Marion Richoux,

Depuis quand connaissez-vous la ferme des Bertrand et les Bertrand ?

Depuis que je suis né ou presque. J’ai toujours habité à côté de chez eux. Leur maison est à moins de 100 mètres de chez moi.

Tout gamin, je m’amusais dans la ferme, j’étais avec eux sur les tracteurs. Je les connais très bien.

Où la ferme est-elle située exactement ? Dans la vallée du Giffre. Entre Genève et Chamonix. C’est le nord de la HauteSavoie, dans la zone Reblochon.

Au nord de Cluses, où nous avons tourné REPRISE EN MAIN. C’est une vallée plus agricole que la vallée de l’Arve, de moyenne montagne. Nous sommes à 800 mètres d’altitude, sur les coteaux de la vallée.

Ce n’est pas la première fois que vous filmez les Bertrand ?

Effectivement, en 1997, je voulais filmer les gens autrement que ce qui se faisait et ce que je faisais pour les actualités et les magazines, en prenant le temps, en étant vrai. Comme j’étais à l’aise avec une caméra, j’en ai emprunté une à une boîte de production avec laquelle je travaillais souvent.

Je voulais filmer les Bertrand parce que je les trouvais formidables.

Je les ai filmés sur un an, en 1997 donc, et cela a donné mon film trois frères pour la vie. Mais vous savez, à l'époque,  j’ignorais  totalement ce qu’était un documentaire.

Je n’avais aucune culture cinéphilique, dans le milieu dont je suis issu cela n’existait pas. Le film a été primé dans des festivals de films de montagne. Il a été montré dans la région, où il a marqué les gens. Mais c’est tout. 

 Pourquoi faire un nouveau film avec les Bertrand ? 

Je continuais à penser que TROIS FRÈRES POUR UNE VIE méritait une plus large diffusion.

Or, Marc et Alex m’ont dit qu’Hélène allait bientôt prendre sa retraite, et qu’ils investissaient donc dans des robots de traite. Nous étions 25 ans après mon premier film avec eux, qui lui-même est arrivé 25 ans après celui de Marcel Trillat. C’était le moment de les filmer, avec l’idée d’utiliser ces deux anciens films.

Je les ai filmés comme en 1997, c’est-à-dire de temps en temps, mais avec plus de facilité. 

 

Photo 2 LA FERME DES BERTRAND Copyright Laurent Cousin

Pourquoi ouvrez-vous votre film sur les machines à traire robotisées ? Pour signifier que vous ne voulez surtout pas faire un film nostalgique ?

Pas vraiment disons qu'au départ c'est sans doute dans l'objectif  de surprendre le spectateur. Ces machines à traire ne sont pas très connues du grand public et ont un côté déshumanisé donc angoissant.

Mais c'est sans doute également parce que l’arrivée des robots de traite sous-tend toute l’histoire, c’est-à-dire le départ d’Hélène.

J’ai aussi voulu signaler d’emblée que nous étions en présence d’une agriculture contemporaine, située dans une logique de marché, avec des gens qui vivent de ce travail.

Beaucoup de films s’intéressent soit aux très grosses fermes, celles qui dirigent l’agriculture et dealent avec Monsanto, ou à des structures alternatives, qui restent très marginales par rapport à la quantité de nourriture que l’agriculture française produit

. Ici, nous ne sommes ni dans le passéisme ni dans l’utopie,  mais plutôt dans ce qui représente en nombre peut être 80% des fermes, que l’on voit assez peu au cinéma ou à la télévision en général.  

 

perret-1-3

Comment avez-vous travaillé sur ces différentes strates temporelles pour arriver à cette fluidité du récit ? L’enchevêtrement des différentes périodes était en effet la principale difficulté.

La date de chaque film est mentionnée mais une seule fois.

Au cours du montage, avec Stéphane Perriot, nous nous sommes aperçus qu’il fallait du temps pour s’installer dans chaque période, sinon cela ne fonctionnait pas.

Pour basculer d’une période à une autre, nous avons cherché le meilleur moment, une saison, une réflexion, un geste, pour que ce soit le plus fluide possible.

Pour ce travail, nous n’étions pas trop de trois, Marion (Richoux), Stéphane et moi. 

perret-1-13

perret-1-3

Le film a été présenté en compétition lors du Festival du Film de société de Royan 2023. Merci à l'organisation du festival et à Jour 2 fête pour l'interview.  

Commentaires
Qui sommes-nous ?

 

Webzine crée en 2010, composé d'une dizaine de  rédacteurs qui partagent  la même envie : transmettre notre passion de la culture sous toutes ses formes : critiques cinéma, littérature, théâtre, concert , expositions, musique, interviews, spectacles....

Visiteurs
Depuis la création 8 070 999

 

­

 

 

Focus sur le festival chéries-Chéris (15-25 nov) aux cinémas MK2 bibliothèque, beaubourg et quai de seine.

Au programme de cette 31e édition, 75 longs métrages et 76 courts inédits venant des quatre coins du monde, renvoyant à notre volonté continue d’explorer, expérimenter, les nouveaux territoires queer.

 

31e festival du film LGBTQIA & +++ de Paris, du 15 au 25 novembre 2025 - Chéries-Chéris

 

 

FESTIV·IEL

 

jeu. 13 → sam. 29 novembre 2025

Le Théâtre de la Croix-Rousse (TXR) organise la 5e édition de Festiv·iel, son temps fort annuel dédié au féminisme inclusif, aux cultures queer et aux questions de genre et de sexualité. Depuis sa création en 2021, Festiv·iel est devenu un événement incontournable et unique en France, rassemblant plus de 5000 spectateur·ices en 2024 ! 

Festiv·iel ambitionne de lutter contre les discriminations et les violences, d’encourager l'empowerment individuel et collectif – notamment féminin – et d’offrir un espace de réflexion et de célébration. Il promeut des valeurs de sororité, d’écoféminisme et de déconstruction du patriarcat.   

 

 

 

46ème Festival du Film Court de Villeurbanne du 11 au 16 novembre 2025

 

L’Association pour le Cinéma et l’équipe du Zola organisent  la 46ème édition du Festival du Film Court de Villeurbanne, du 11 au 16 novembre 2025.

 

--

Les compétitions se tiendront les mercredi 12, jeudi 13 et vendredi 14 à 18h15 et 21h.

La compétition animation aura lieu le jeudi 13 à 21h.

Au programme, 6 compétitions internationales et animation, 3 programmes spéciaux, des rencontres et masterclass.

 

Festival du Film Court - Cinéma Le Zola

 

 
 
 

Nous contacter

Une adresse mail :

philippehugot9@gmail.com 

Newsletter
158 abonnés