Un heureux évenement: le bébé, ce" tue l'amour"?
En sortant de la projection du film Un Heureux évenement que j'ai vu au cinéma, quelques semaines aprés sa sortie, grâce aux invitations gagnées sur le site de Virginie B , je me suis félicité de ne pas avoir vu ce film quelques années plus tôt, lorsque ma compagne était enceinte de mon premier enfant.
En effet, on ne peut pas dire que le message du film soit trés optimiste. Pour Eliette Abecassis, qui a écrit le roman éponyme et pour Rémi Bezancon, qui en a réalisé l'adaptation, le terme "heureux évenement" est bien sûr à prendre dans sa tournure ironique.
Lorsque votre couple marche bien, avec ce qui faut de complicité, d'humour et d'amour, rien de tel qu'un enfant entre vous pour....détruire totalement ce lien...:o). Se basant sur l'effarante stastistique selon laquelle un couple sur 4 se sépare suivant l'année de naissance d'un enfant ( ce chiffre me parait quand meme bien exagéré si je vois autour de moi), le livre et le film insiste donc sur la toxicité évidente d'un nouveau né sur une relation amoureuse.
Et d'ailleurs, Barbara l'héroine du film, va carrément arriver à la conclusion, à la fin du film qu'autour d'elle, elle ne voit aucun couple avec enfant qui s'aime toujours. Si le message est quand même un peu nihiliste et quand meme pas toujours vrai ( bon, ca fait un peu le mec qui essaie de s'autopersuader qu'on peut vivre heureux avec des gosses, mais je vous assure que ca existe quand même), le film n'en reste pas moins extremement réussi et personnellement, me fait placer le réalisateur Rémi Bezancon parmi les meilleurs réalisateurs français de comédie du moment, avec les Tolledano/ Nakasche (dont le film Intouchables avec Cluzet et Omar Sy sort dans peu de temps). Certes, un heureux évenement est un peu en déça du plus jour du reste de ta vie, qui constitue à mes yeux un vrai miracle de délicatesse et de grâce, mais il n'en reste pas moins truffé de mille qualités.
Citons parmi celles ci:
- Le scénario, qui évite la plupart des clichés et stéréotypes inhérents à ce genre de sujet, et qui surtout instille une bonne dose de tendresse dans l'histoire originale , le livre était bien plus rude ( Abecassis a la dent beaucoup plus dure avec son personnage masculin);
- le couple phare absolument remarquable, que ce soit par les personnages qui nous sont présentés, totalements humains et attachants, et également par les acteurs qui les incarnent. On a beaucoup loué le talent de Louise Bourgoin, à juste titre. Jusqu'à présent, si je l'avais vu souvent jouer au cinéma, elle restait totalement sur le modèle de la femme fantasmagorique sans réel personnage à défendre, et ici, c'est peu de dire qu'elle est totalement investie dans son personnage. Le réalisateur tenait à choisir des acteurs qui n'avaient pas connu les affres de la maternité ou la paternité, et effectivement, cette découverte pour eux les met en symbiose avec leurs personnages. Ajoutons que Pio Marmai, déja remarquable dans le précédent film de Bezancon, ici à la fois égoiste et touchant (qui a dit comme tous les hommes) est au diapason de sa partenaire;
- et la mise en scène de Rémi Bezancon, sans oser les audaces formelles et narratives du Plus beau jour.... n'en reste pas moins joliment subtile et inventive, comme ces scènes où le foetus qui hante les pensées de Barbara/ Louise fait penser à un remake de 2001 l'odysée de l'espace.
Bref, j'avais envie de voir ce film, je vous en avais parlé depuis longtemps, et je ne le regrette absolument pas, même si, au risque de me répéter, je tiens à rassurer tous ceux qui ont vus le film et n'ont pas encore d'enfant: un bébé change complétement sa vie de couple, on est tous tout à fait d'accord là dessus, mais ne creuse quand même pas forcément la tombe de toute vie à deux.