quelques-heures-de-printemps-19-09-2012-19-09-2012-3-gIl va falloir que je sois diablement convaincant pour vous inciter, comme j'ai vraiment envie de le faire par ce présent billet, à aller voir en salles (si certaines d'entre elles le passent encore au moment de la parution de ce billet) un film dont le thème principal est le suicide assisté. 

La promotion de "Quelques heures de printemps", le dernier film de Stéphane Brizé (le réalisateur du magnifique "je ne suis pas là pour être aimé")  a effectivement beaucoup tourné autour de ce sujet de société essentiel, on a même su que le Président de la République François Hollande se l'était fait projeter à l'Elysée, sa seule projection privée du début de mandat. 

Il est indéniable que le film aborde frontalement ce sujet puisque l'héroine de ce film (joué par une Hélène Vincent à des années lumières de son rôle de Madame Le Quesnoy dans la vie est un long fleuve tranquille, et qui livre,comme on l'a dit ici et là, une performance ahurissante), se sentant condamnée, va faire appel à une association suisse pour envisager son  départ autrement qu'en succombant aux atroces souffrances liées à sa maladie.

Bref, le film traite bel et bien de cette problématique, mais pas du tout de façon didactique, comme pouvaient le faire  ces films de mon enfance qui servaient d'illustration à feu l'émission "les dossiers de l'écran".

Autrement dit, Quelques heures de printemps aurait pu être lourd, pesant, scolaire, mais il n'est rien de tout cela, en parti grace à la délicatesse de la mise en scène de Stéphane Brizé, qui, un peu comme Philippe Lioret dont j'ai déjà parlé, n'a pas son pareil pour décrire avec une justesse renversante les petits détails d'une vie banale mais en même temps tellement unique.

Ici, par la grace du regard du metteur en scène, on arrive, en quelques scènes seulement, à être totalement immergé dans un monde qui nous semble si familier, si authentique, celui des gens modestes (on est loin du monde des parisiens aisés que le cinéma français adore nous montrer) à qui il leur manque souvent le pouvoir des mots.

Car la grande réussite du film de Stéphane Brizé. réside avant tout dans cette relation perdue entre un fils et sa mère, et ces quelques non-dits qui en disent plus que de longs discours. Brizé filme entièrement en plans sèquences, afin de donner un maximum d'authenticitè au jeu des comédiens,  le quotidien de deux âmes bléssés par la vie, et qui au lieu de parler d'amour se livrent  un combat de boxe muet (sauf en une scène verbale d'autant plus violente qu'on ne l'attend pas).

 Evidemment, la marque du cinéaste est de filmer constamment avec une extrême pudeur, comme il le fait dans tous ces films (parfois même un peu trop comme dans Mademoiselle Chambon, son précédent opus) un sujet qui pourrait largement virer au larmoyant.

Alors, certains spectacteurs pourront trouver que le film s'attarde trop sur des détails insignifiants (préparer le café, construire un puzzle), mais ce sont ces petits détails, qui, par leur véracité, donnent tant de force à cette histoire qui passe à l'écran.

Et malgré cette mise à distance et cette retenue à l'oeuvre tout au long du film, la fin, que je ne dévoilerai évidemment pas, est d'une émotion saisissante, et seuls les vrais coeurs de pierre ( dont je ne fais évidemment pas partie :o) sauront retenir leurs larmes.

Bref, même si le film n'est pas forcément à voir à tous moments ( en cas de baisse de moral, abstenez vous), il n'en demeure pas moins que ces "quelques heures de printemps" constituent incontestablement un des plus beaux films de cette année 2012 qui touche à sa fin.