GASPARD VA AU MARIAGE : Une comédie familiale pleine de poésie et de fantaisie!
Deux semaines avant sa sortie en salles, le 31 janvier prochain, on avait très envie de vous parler d’une excellente comédie "Gaspard va au mariage", qu’on a pu voir il ya quelques semaines de cela en avant-première et qui constitue à coup sur notre premier coup de cœur de cette année 2018.
Gaspard va au mariage c’est le troisième long métrage d’Antony Cordier, un réalisateur qu’on avait particulièrement remarqué avec son premier long, "Douches Froides" il y a déjà douze ans.
La dernière fois qu’il avait donné de ses nouvelles c’était il y a 7 ans avec « Happy few »un long métrage au sujet assez sulfureux et au traitement intéressant mais qui hélas avait connu ’accueil assez tiède réservé à ce film.
Après avoir sondé les abymes d’un couple (naissant dans Douches Froides, et plus mature mais néanmoins incertain dans "Happy Fews"), c’est sur les terres de famille, intarissable thématique qu’il va labourer avec une intrigue centrée autour d’une famille vraiment pas comme les autres, une famille dysfonctionnelle à la tête d'un zoo en voie de disparition, et tous plus ou moins gentiment névrosés et fantaisistes à souhait, avec une pièce rapportée un peu décalée également puisqu’elle est jouée par Laetitia Dosch ,comédienne bien barrée, vue récemment dans le "Jeune femme "de Léonor Serraille, dernière Caméra d’or en date.
À l’occasion du mariage de son père, Gaspard, 25 ans, doit renouer avec sa famille. Il demande à Laura, une jeune femme fantasque, de l’accompagner et de prétendre être sa concubine.
Sur ces bases d’une chronique familiale classique comme on en a vu et verra tant d’autres, Gaspard va au mariage prend un plaisir évident à déjouer les attentes du spectateur pour qu’il ne se sente pas en terrain conquis.
Ainsi, au tout début du film, on pense que le fait que Gaspard et Laura « jouent » à être un vrai couple va constituer le moteur principal de l’intrigue or, finalement, les quiproquos attendus ne viendront jamais où on les attend.
La grande réussite de ce troisième film d’Antony Cordier, c’est qu’il parvient à tenir tout de son long la partition délicate entre ambiance assez décalée et sujets profonds, teintés de mélancolie.
Or, on le sait parfaitement, tenir la note de la fantaisie et de légèreté, mais sans oublier d’y intégrer quelques éléments plus sérieux et plus drames pour tenir l’ensemble est un exercice d’équilibriste que le réalisateur réalise avec énormément de brio.
Gaspard va au mariage séduit d’autant plus qu’il réussit à s’installer loin du cynisme et la mesquinerie ambiante, qu’on a souvent dans les comédies françaises actuelles et qu’il cultive tout du long des trajets de ses personnages une vraie tendresse pour eux, un cap que cordier et sa coscénariste Julie Peyr, parviennent à tenir parfaitement.
Des personnages, parfois un peu lâches, un peu névrosés, un peu égarés dans des interactions qui les dépassent souvent, mais toujours sauvés par le regard posé sur eux par le cinéaste.
Et des personnages aussi magnifiquement campés par une distribution absolument parfaite et avec sans doute parmi les acteurs les plus intéressants de la jeune garde du cinéma français.
Parmi eux, brillent le toujours épatant Félix Moati, qui forme un duo improbable mais vraiment crédible avec Laetitia Dosch, mais aussi Christa Theret, ou Guillaume Gouix qui offrent ici une partition assez différente de ce qu’ils ont l’habitude de jouer normalement, notamment Gouix dans un rôle de grand frère raisonnable et gestionnaire, à des années lumières de ses personnages de chien fou qu’on lui donne souvent de jouer.
Joli conte moderne traversé de quelques moments de grâce et de poésie (avec notamment les inventions de Gaspard inspiré de l’art japonais) et d’une bonne humeur résolument communicative, Gaspard va au mariage prône la tolérance sur des modes de vie pas forcément normatifs et par la petite musique singulière mais terriblement touchante qu’il ne cesse de diffuser…
Un film qu’on a tellement aimé qu’on a voulu rencontrer le réalisateur pour qu’il nous explique plus en détail ses intentions et les coulisses de son film. Bref, de ce "Gaspard va au mariage", on risque de vous en reparler très vite.