Critique Netflix : Pieces of a Woman : le nouveau Mundruczó un peu décevant?
Kornél Mundruczó est un cinéaste hongrois qui compte parmi les fidèles habitués du Festival de Cannes avec des films hongrois souvent très audacieux et experimentaux :
On se souvient de son étonnant White Dog, qui faisait fait directement référence au film de Samuel Fuller White Dog avec un discours tout aussi réaliste, juste et intelligent. et de son précédent film en compétition sur la croisette, La Lune de Jupiter, improbable mais réussi mélange entre :, Pasolini, Friedkin et Nolan.
Il était donc assez surprenant de voir Kornél Mundruczó se lancer avec son nouveau film Pieces of a Woman à la conquête du marché anglo-saxon et se retrouver directement sur Netflix, en passant néanmoins par la case Mostra de Venise en septembre dernier, permettant à sa comédienne Vanessa Kirby de décrocher la très convoitée Coupe Volpi de la meilleure actrice .
Avec ce mélodrame directement inspiré de l’expérience personnelle de la scénariste et compagne du cinéaste Kata Wéber, Pieces of a Woman suit la psyché d'une femme- Kirby- totalement dévastée par la mort de son bébé le jour de l'accouchement..
Un accouchement , qui est le point d'ancrage du récit et de la mise en scène de Kornél Mundruczó puisqu'il est filmé par un plan-séquence de plus de 20 minutes qui donne vraiment l'impression de réalisme terrible et donne le sentiment au spectateur d'être au plus proche d’un véritable accouchement.
La caméra de Kornél Mundruczó bouge au rythme des contractions de Martha avec une maestra assez confondante, donnant au début de son film une puissance et un réalisme qui force l'admiration .
Hélas, passé ce morceau de bravoure aussi éprouvant que fascinant, Pieces of a Woman a du mal à passionner, la faute à un scénario convenu et qui fait du surplace, aboutissant à des séquences de procès comme on en voit dans 90% des drames américains.
Vanessa Kirby a beau être impressionnante en mère à la dérive, on a du mal à ressentir de l'empathie pour elle et on a beaucoup de mal à comprendre ses réactions et attitudes.
De même les personnages secondaires, de sa mère tyrannique et peu compréhensive (Ellen Burstyn, irritante) au mari, lâche et sur le point d'exploer ( Shia Labouf, écarté de la promotion du film suite à des plaintes pour violences conjugales) manquent de finesse dans l'écriture pour faire de ce Pieces of woman un film qui mérite autant de louanges que ce qu'on pu lire ici et là.
Les autres longs métrages de Kornél Mundruczó nous avaient semblé plus originaux et audacieux, bref, encore une production Netflix qui nous déçoit...
Pieces of a Woman, de Kornél Mundruczó, avec Vanessa Kirby, Shia LaBeouf et Ellen Burstyn. Disponible sur Netflix.