Une histoire d'amour et de désir : la très belle éducation sentimentale de Leyla Bouzid
Le film Une histoire d'amour et de désir de Leyla Bouzid, découvert à la Semaine de la Critique du Festival de Cannes, a reçu dimanche soir le Valois de diamant ainsi que le prix du meilleur acteur pour Sami Outalbali (formidable acteur vu dans les séries Les Grands ou Sex Education)
Dès l'annonce du palmarès on était ravi tant ces récompenses nous ont semblé totalement méritées pour un film formidable et parfaitement maitrisé.
Ces distinctions méritées célèbrent une œuvre délicate et sensuelle autour d’un jeune homme terrifié à l’idée de passer à l’acte alors qu’il est fou amoureux d’une camarade de fac. Une histoire d'amour et de désir, c'est le récit d'une initiation d'un jeune homme, Ahmed, qui se livre à diverses premières expériences.
Celle de la faculté, la Sorbonne, prestigieuse et parisienne, dont lui, banlieusard, est empeché par le poids des traditions et des interdits.
Entre inhibition et effervescence face à l'émulation intellectuelle qui s'ouvre à lui dès les premiers jours d'université, le film, reste sur ses traces pour nous proposer un récit initiatique sensuel et surtout traversé par de réels instants de grâce.
C'est aussi une initiation à l'amour et à l'érotisme qui se fait avec la rencontre de Farah, une jeune fille d'origine tunisienne plus détachée et indépendante que lui et qui aborde cette scolarité parisienne avec une aisance qui impressionne très vite Ahmed.
Mine de rien, Leila Bouzid renverse le schéma traditionnel de la romance: c'est ici le garçon qui tergiverse, hésite à s'adonner aux plaisirs charnels, alors que la fille, plus à l'aise dans son rapport à son corps ne demande qu'à s'abandonner.
Récit d'apprentissage mi tende mi cruel de la carte du tendre, UNE HISTOIRE D’AMOUR ET DE DÉSIR, subtil, sensible et drôle par endroits est un poème d'une très grande beauté, aussi universel que moderne.
Pour qui comme nous sommes particulièrement sensible à la poésie de la cinématographie nord africaine en règle générale on peut dire que ce film nous a vraiment gâtés ..