Baz'art  : Des films, des livres...
24 décembre 2021

Noël 2021 : 4 livres de poches à glisser sous le sapin ?

 

collage photo noel

Voici une sélection de 4 livres de poches coups de coeur , sortis lors du dernier semestre 2021 idéal pour les achats de dernière minute à petits budget. 

 1/Retour à Martha's Vineyard Richard Russo (10-18)

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"Le livre est le meilleur ami de l'homme- Teddy fit jouer  ses sourcils en tirant sur un cigare imaginaire, à la groucho, un Marx très différent de celui auquel pensait Mickey- en dehors du chien. En dedans il fait trop noir pour lire."

On avait beau beaucoup aimer Richard Russo et le déclarer régulièrement sur ce site; pas plus tard qu'il ya quelques mois sa nouvelle au titre éloquent nous avait passionné, on allait plutôt à reculons avant d'ouvrir Retour à Martha's Vineyard, son dernier roman en date.

Il faut dire que cette  histoire de 3 hommes de 66 ans qui se retrouvent dans une maison de vacances ne me paraissait pas particulièrement originale et je suis encore un peu loin de ce genre de bilan :)

Mais comme souvent,   la plume de Richard Russo et son talent de conteur nous ont bien rapiement embarqué .

Il faut dire que les retrouvailles  de nos trois seniors seront l'occasion de revenir sur leurs souvenirs de jeunesse, leurs blessures et surtout un évènement qui a tout fait basculer et qui les hante encore plus de 40 ans après.

C'est touchant, juste, mélancolique et au final c'est vraiment une profonde et poignante réflexion sur la vieillesse, .les souvenirs, les amours de jeunesse, la famille...

Un très beau livre nostalgique et avec  en son centre un beau personnage de femme.

 À lire  si vous cherchez une idée de lecture pas trop sombre (mais en même temps, un roman très bien écrit) pour ces fêtes de fin d'année.

2/ La cuillère, Dany Hericourt ( Liana Levi, Piccolo) 

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«  Nous possédons des centaines de couverts à l’hôtel des Craves. Mélangée aux autres ustensiles, jour après jour sur nos tables, dans l’évier, au fond d’un bocal de farine ou de riz, la cuillère a pu simplement échapper à mon intention. Dans cette nuit où personne ne dort je réalise que nous vivons entourés de choses auxquelles nous n’accordons aucune importance jusqu’à ce qu’elles disparaissent, se cassent ou se révèlent sous une lumière nouvelle. Á l’aube, quand les sonneries du téléphone annoncent le début des rites mortuaires, je range mes crayons et contemple la cuillère à la lueur du jour. Elle est belle. Solide. Mystérieuse. Tout l’inverse de la vie, me semble-t-il en cet instant. »

 Pays de Galles 1985. Juste après la mort brutale de son père, Seren entreprend un voyage en France. Il lui faut découvrir l’origine d’une cuillère esseulée retrouvée sur la table de nuit paternelle. Une excuse, comme une fuite devant l’inacceptable. La jeune fille est orpheline et ce voyage chez les gaulois, pas si loin de l’esprit gallois, sera son Odyssée.

De rencontres en rencontres Seren grandie. Incroyable ce que l’on peut apprendre en un été !

Drôle, tendre et doux road-trip, ballade en Morvan et Bourgogne pour une drôle, tendre et douce galloise de dix-huit ans. « La cuillère » est une jolie ballade poétique, une délicate manière de parler du deuil et de l’incertitude à l’âge des possibles.

Un roman drôle et tendre et plutôt fort bien écrit..

Certes, notre  chronique est courte, il faut dire que le rédacteur de Baz'art  n'a pas encore pris ses vacances et n'y va pas avec le dos de la cuillère (sic),  mais avouons également  le côté marabout-bout de ficelle du récit n’a pas vraiment un grand intérêt à être raconté, laissons plutôt le lecteur avisé rentrer dans la douce poésie de Dany Héricourt..

3/ « Ceux qu’elles disent » , Miriam Toews ( J'ai Lu) 

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« Mariche explose. Elle accuse Ona d’être une rêveuse.  Nous sommes des femmes sans voix, répond Ona avec calme. Nous sommes des femmes en dehors du temps et de l’espace, privées de la langue du pays dans lequel nous vivons. Nous sommes des mennonites apatrides. Nous n’avons nulle part où aller. Les animaux de Molotschna sont plus en sécurité que les femmes dans leurs foyers. Nous, femmes, avons toutes des rêves donc, oui, bien sûr, nous sommes des rêveuses. »

 Vivant dans les préceptes de l’Ancien Testament, dans la crainte de Dieu et du Diable, les Mennonites espèrent le paradis et redoutent l’enfer. En communauté loin du monde moderne, ils parlent le bas-allemand, une langue qu’eux seuls comprennent.

Le quotidien est géré par les hommes qui travaillent dur aux champs, les femmes toutes illettrées s’occupent de la maison sans aucun contact avec l’extérieur. Les enfants vont à l’école jusqu’à douze ans où ils étudient des textes religieux. Une société bloquée au XIXème siècle, loin des vices et de la corruption du monde moderne ?

Pourtant dans cette communauté mennonite Bolivienne, entre 2005 et 2009, de nombreuses femmes âgées de trois (oui vous avez bien lu) à soixante-cinq ans ont été victimes de viols à répétitions pendant leur sommeil. Des hommes, après les avoir droguées avec un anesthésiant pour chevaux, les battaient et les violaient durant la nuit. Au matin,  les victimes  se réveillaient le corps en sang et couvertes de bleus, sans aucun souvenir.

 Elles sont huit femmes, dans un fenil, cachées du regard des hommes, elles ont quarante-huit heures pour décider de leur avenir. Se venger est un passeport pour l’enfer, pardonner serait un accès direct pour le paradis.

« Ceux qu’elles disent » est un livre rare, un précipité philosophique sur des vies contrôlées par la peur. Une conversation profonde sur  la culpabilité, la résilience et le possible pardon. Que peut l’innocence face à la barbarie ordinaire et institutionnelle ?

Miriam Toews, qui connait parfaitement ces femmes, leur donnent la parole pour la première fois de leur vie dans un roman bouleversant. Une lecture qui marque durablement.

4/ Avant la longue flamme rouge, Guillaume Sire ( J'ai lu)

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 "Phusati est impressionné par les réflexions de Saravouth et de Dara à propos du pays imaginaire. Jamais elle n'aurait cru pouvoir leur lire un roman aussi long avant qu'ils ne s'en lassent. Régulièrement,elle s'arrête avant de discuter avec eux de ce qu'elle vient de raconter, et toujours une fois que la discussion est terminée et qu'elle leur propose d'en rester là pour la journée, ils la supplient de continuer."

 

L’histoire chaotique de l’Asie du Sud-Est du début des années 1970  superbement racontée par Guillaume Sire commence à Phnonm Penh avec le leune Saravouth qui y grandit  dans une famille catholique, père haut  fonctionnaire, mère  professeur et petite soeur, Dara, un peu délurée et surdouée .

 

Alors que la guerre civile fait rage, le jeune garçon se construit un royaume imaginaire  intérieur  à base des poèmes de René Char ou de l'Odysée d'Homère.

 

Mais un jour, alors que sa famille décide de prendre la fuite,  il se retrouve séparé des siens et va alors partir tenter de retrouver les siens à travers  l'horreur de la guerre.

 

Sans aucun effet de style ni fioriture, Guillaume Sire raconte une épopée follement dense et romanesque et raconte comme les grands romans comment la grande Histoire peut rejoindre la petite.

 

Sans cesse à regard d'enfant- un peu comme le sublime "Petit pays" de Gael Faye, dont l'adaptation arrive bientôt  dans les salles au cinéma, ou au long métrage d'animation Funan de Denis Do, l'horreur de la guerre prend une dimension aussi bien poétique que candide à travers ce formidable personnage qui vivra avec cette culpabilité d'être en vie .

 

Une quête irréaliste - l'enfant ne veut jamais croire au pire concernant sa famille- que déchirante qui font tout le sel de ce très beau roman !  

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