Coralie Fargeat, réalisatrice de The substance "Je ne connais pas de femme qui n’entretienne pas de relation compliquée avec son corps"
Le genre du cinéma d'horreur est une évidence pour parler de ces thématiques-là. Il y avait une journaliste qui disait “être une femme, c’est du body horror ”. J’avais adoré cette phrase, car tout ce qu’on vit avec notre corps en tant que femme, ce n’est pas de tout repos !
À l'occasion de la sortie de The Substance, l'un des films événements de l'année, depuis hier en salles, Baz'art, avait pu aller, lors du dernier festival Lumière où le film était présenté, partir à la rencontre de Coralie Fargeat, sa réalisatrice qui nous a livré les quelques réflexions suivantes :
"Je pense que pour ce film-là, 2001 l'Odysée de l'espace de Stanley Kubrick a été une de mes influences, David Cronenberg également avec La Mouche et David Lynch aussi, avec Elephant Man."
"Filmer la souffrance pour la souffrance ne m'intéresse pas. Je préfère le grand-guignol et le lâcher-prise qui permettent de provoquer des sensations fortes et contradictoires chez le spectateur, comme dans un grand huit.»
" Margaret Qualley incarne le fantasme hollywoodien de la poupée Barbie. Margaret s’est entraînée comme une malade pour sculpter son corps pour le tournage. Elle et Demi Moore ont en commun d’être très instinctives. C’est pour cela que leur duo fonctionne si bien. »
"Qu'est ce qui pourrait mal tourner ? Tout. "Qu'est ce qui est beau ? Qu'est ce qui est laid ? C'est la grande question posée par le film. Et l'idée c'était de juxtaposer des émotions viscérales fortes, je pense, qui montrent notre côté mixte et notre côté double. On n'est pas juste des êtres parfaits, toujours délicats, doux, souriants. Non, on est avec plein de choses noires à l'intérieur de nous. Et c'est ça que j'avais envie aussi de montrer."
Quelle est la figure la plus symbolique pour représenter ce que les femmes vivent par rapport à leur corps et aux pressions des diktats de la beauté ? C’est l’actrice. Elle est le paroxysme de la personne qui vit à travers le regard des autres.
«À travers la satire et ce personnage, je cristallise les comportements auxquels des femmes sont confrontées, C'est ma manière de mettre un coup de pied dans la fourmilière. Parce que je ne connais pas d’arme plus puissante que la satire pour montrer au monde l’absurdité de ses propres règles.
Je ne connais aucune femme qui n’entretienne pas de relation compliquée avec son corps, qui n’a pas connu un trouble de l’alimentation à un moment de sa vie, qui n’a jamais violemment détesté son corps ainsi qu’elle-même parce qu’elle ne ressemblait pas aux dictats imposés par la société, Au bout du compte, voilà de quoi parle ce film. D’une libération. D’une émancipation.
THE SUBSTANCE- Réalisé par Coralie Fargeat
Avec Demi Moore, Margaret Qualley, Dennis Quaid- en salles depuis le 6 novembre 2024.
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Critique du film- The substance: miroir, mon laid miroir... - Baz'art : Des films, des livres...
The substance, second long-métrage à ce jour de Coralie Fargeat (Revenge), s'impose comme une réflexion contemporaine sur la quête de la jeunesse éternelle, le culte du corps et les dérives d...
Crédit photo Jean Luc Mege- Institut Lumiere
Fabrice SCHIFF- Prix Lumière