Rencontre avec Lucas Bernard pour son film " À toute allure"
Sept ans après son épatante comédie policière Un beau voyou, le réalisateur et scénariste Lucas Bernard revient avec À toute allure, une "romcom" déjantée dont l'intrigue se déroule dans un sous marin dans laquelle Eye Haïdara et Pio Marmaï s'éclatent dans cette comédie menée au pas de charge
Le film est en salles depuis mercredi dernier, l'occasion de mettre en ligne l'interview que son cinéaste nous avait livré en septembre dernier lors du dernier festival de l'écrit à l'écran de Montélimar.
Baz'art : Pourquoi le choix d'une rom com et pourquoi prendre le décor d'un sous marin pour votre second film?
Lucas Bernard :
J’ai une affection particulière pour les comédies romantiques parce que c’est un type de film qui me met d’accord avec mon épouse.
Quand on cherche quelque chose à voir tous les deux, une comédie romantique fait largement consensus ( sourire)
Une fois que je me dis que je vais réaliser une comédie romantique, il faut qu'elle ne soit pas trop prévisible.
L’idée que l’on a eue avec le producteur, c’était de faire une rencontre totalement improbable comme celle qui marchaient dans les années 50-60 aux USA, à l'âge d'or de la comédie romantique.
Et la rencontre improbable, assez vite on l'imagine entre un steward et une officier de sous-marin
Cela nous permet d'écrire un scénario qui soit suffisamment rapide et aventureux pour prendre de vitesse le spectateur et répondre à tous les attendus qu’il peut avoir sur la comédie romantique.
A chaque fois où le film pourrait ralentir trop l’intrigue, l’aventure prenait le dessus et relançait l’action.
Baz'art Votre film tutoie toujours l’improbable, qu'est qui a guidé ce choix ?
Lucas Bernard : Je vous l'accorde aisément, mon film n'est pas très vraisemblable ( rires)... Mais en fait, il faut savoir que le public va toujours au cinéma en sachant que ce qu’il va voir n’est pas possible.
Il faut trouver une convention, un langage avec lui pour rendre cela possible.
Il a fallu trouver un angle d’attaque dans la narration qui fait que tout à coup on croit possible, on accepte comme possible, qu’un Steward, une nuit de tempête tombe amoureux d’une officier de sous-marin et la suive dans un sous-marin.
Et nous, pour rendre cela possible, on a utilisé un typhon de force 7 comme diversion.
Il se passe quelque chose de tellement énorme avec une tempête totale sur une île du pacifique que le spectateur se fait projeté à coups de pied aux fesses à l’intérieur du sous-marin et quand il se réveille, il est déjà au large.
Mais sinon il est évident que l’image des sous-mariniers que je donne par exemple ne vise à aucun moment à être réaliste, ni dans le décor, ni dans les costumes. On est dans quelque chose qui est très esthétique.
Si j’essaie de me rapprocher un peu des sous-mariniers, c’est plutôt dans un certain esprit de corps et sans doute de solidarité.
Rencontre avec. Lucas Bernard à Montélimar Festival de l'écrit à l'écran autour de la présentation du film"À toute allure"
C'est compliqué en terme de logistique notamment de tourner dans un sous marin?
Lucas Bernard :
Le sous-marin, c’est vraiment un lieu idéal pour le cinéma.
C’est tellement quelque chose de secret, il a très peu de documentaires et peu de photos autour de ce qui s'y déroule .
C’est un lieu qui est assez caché et fantasmatique. Le milieu des sous-mariniers est un milieu assez fermé, assez secret.
Je pense que c’est une catégorie militaire qui est un tout petit peu à part. La qualité première d’un sous-marinier est d’avoir envie d’être sous-marinier, mais il faut vraiment avoir envie de se retrouver avec 90 mecs, deux douches pendant 70 jours dans un lieu confiné.
L’image des sous-mariniers que je donne ne vise à aucun moment à être réaliste, ni dans le décor, ni dans les costumes.
On est dans quelque chose qui est très esthétique.
Si j’essaie de me rapprocher un peu des sous-mariniers, c’est plutôt dans un certain esprit de corps et sans doute de solidarité.
Le tournage n'a pas du être de tout repos, avez vous des anecdotes de tournage à nous raconter ?
Lucas Bernard : Le film, c’était l’idée de faire le tour du monde, on commence par les îles du Pacifique, on se retrouve dans le désert, on passe au Pôle nord et on finit à Brest. On a tourné la séquence du désert dans une gigantesque carrière où des camions circulent et où il y a des espèces de cratères.
C’est un lieu assez dingue, qui fait un peu base de méchant, de James Bond. C’est là que l’on a fait le désert.
On a planté des tentes militaires, on a mis des ventilateurs pour faire du vent et on a fait une séquence perdue au milieu du désert où le personnage principal se fait questionner par le contre-espionnage.
Le plaisir de l’illusion, c’est vraiment un plaisir inhérent au cinéma.
Et votre choix des deux acteurs principaux, il s'est fait naturellement?
Lucas Bernard : Vous savez, les comédiens, on les choisit toujours pour des raisons irrationnelles parce que vous les aimez, parce que vous avez envie de travailler avec eux.
Pio et Eye rendaient la narration possible. On peut effectivement croire que Pio entre dans un sous-marin sur un coup de tête pour suivre une nénette.
Et en même temps j'ai vu Pio comme la Marylin Monroe de 7 ans de réflexion car les deux personnages suivent la même destinée, et cela m'amusait de renverser les rôles...
De la même façon, Eye Haïdara a cette noblesse magnétique. On croit que les 50 sous-mariniers lui obéissent.
Et la fusion entre les deux comédiens s'est avérée aussi électrique et magnétique que ce qui se passe dans le film
Retrouvez notre article du film vu lors du dernier Festival De l'écrit à l'écran à Montélimar
Crédit photo: Xavier Bouvier, de l'écrit à l'écran
Merci à Lucas Bernard, à Gaumont et à Audrey pour le festival de l'écrit à l'écran