[Critique] Jouer avec le feu, Lindon, père désarmé face au néo fachisme
Ce jeudi 9 janvier , le cinéma Comoedia de Lyon recoit la co réalisatrice Muriel Coulin, pour la projection en avant-première de son film écrit avec sa soeur Delphine Jouer avec le feu, qui sortira sur les écrans le 22 janvier prochain.
On se souvient du choc liée à la lecture il y a quelques années du livre de Laurent Petitmangin, « Ce qu’il faut de nuit » : à travers l'histoire d'un père, qui élève ses deux garçons depuis la mort soudaine de sa femme dans une région à l'Est de France particulièrement désœuvrée, c'est toute une réflexion passionnante et juste sur sur la transmission des valeurs familiales qui se met en place.
Delphine et Muriel Coulin, les deux sœurs réalisatrices de « 17 filles » et « Voir du pays »adapte ce roman et comme le livre montre avec justesse comment un père n'arrive pas à trouver les mots pour parler à ses enfants et à quel point les choix que l'on fait ont une incidénce sur toute une vie et une famille.
Delphine et Muriel Coulin optent intelligemment pour un regard intimiste laissant volontairement les grands débats politiques de côté pour se concentrer sur le personnel d’une cellule familiale qui explose sous le poids de l’incompréhension
C’est de manière à la fois simple mais puissante, , que les réalisatrices françaises ont tenu à aborder l’un des sujets sensibles et on ne peut plus actuels de leur pays.
Jouer avec le feu nous interroge sur la transmission des valeurs dans une société en pleine déshérence à travers de la relation touchante d’un père avec ses deux fils, qui bénéficie pleinement de l’alchimie entre les trois comédiens dont Vincent Lindon qui n'a pas volé son prix d’interprétation à Venise tant il se glisse dans la peau de ces hommes bons, dépassés et broyés par une réalité sociale, à chaque fois avec des nuances différentes mais toujours avec la même intensité.
Il trouve en Benjamin Voisin, remarquable comme à son habitude, un formidable opposant.
Stefan Crepon, dans un rôle plus en retenue mais qui explose aussi dans une scène mémorable, est tout aussi juste.
Comment un enfant peut devenir un étranger ? Peut-on l’aimer quoi qu’il fasse ? Pourquoi cette dérive alors que l’amour est là ? Quelle part de responsabilité quand son fils déraille ? Jouer avec le feu donne ses réponses sans didactisme et évite de trop s’aventurer sur le terrain du moralisme.