Sulak : une biographie fouillée parfaitement jubilatoire!!
On en a avait déjà dit beaucoup de bien juste avant l'été, mais pourquoi ne pas en remettre une couche sur cet auteur français éblouissant qu'est Philippe Jaenada ?
On vous avait notamment parlé de « La petite femelle ». Le romancier, coup de maitre qui prolongeait d’une série de romans particulièrement enlevés et enthousiastes, tels que ce Sulak que Michel a récemment lu chez Points et qui est sans doute l'un de nos derniers coups de coeur littéraire de cette année 2016 :
« Thalie est à la fois admirative, un brin jalouse et agacée par ce surdoué qui ne s’arrête jamais. Il y a quelque chose qu’il ne sait pas faire ? Il joue aussi bien au tennis qu’aux échecs, connait tout sur les diamants et la magie, il pilote des hélicoptères et danse le rock comme personne, il sait coudre et saute en parachute, et maintenant il descend des escaliers à l’envers sur des roulettes en ligne. »
C’était le plus grand des voleurs, oui mais c’était un gentleman…..Bruno Sulak, légionnaire modèle, a fait le mur. Petite bêtise, grande conséquence, alors qu’il rate son avion pour rentrer à la caserne, son régiment est en train de sauter sur Kolwezi. Bruno Sulak est déserteur malgré lui. Ainsi débute la cavale du prince des braqueurs. Les années frics vont commencer et le jeune homme est bien décidé de le prendre là où il est, le fric.
Petite encyclopédie du grand banditisme des trente glorieuses. Philippe Jaedana fait du saut-malfrats et tricote des petites biographies de tout ce qui compte de mauvais garçons dans la France pompidolienne, giscardienne et mitterrandienne. Le romancier recoupe, renoue, assemble les fils du destin que le grand Démiurge prend un malin plaisir à tisser entre les humains.
Jaenada ne juge jamais Sulak, il le remet en scène dans un contexte politique et social et le regarde faire des choix, forcément mauvais. L’écrivain a aussi l’uchronie accrocheuse et si…et si….
Ce qu’il y a de bien avec Philippe Jaenada, c’est qu’il n’oublie jamais le lecteur, et comme il est un peu cabot, il ne s’oublie pas lui-même. Et que je mets en scène l’écrivain et sa technique, et que j’interpelle le lecteur, ce pourrait paraître parfaitement artificiel si il n’y avait cet humour, cette distance et cette tendresse qui rendent la lecture de cette biographie très fouillée parfaitement jubilatoire.
MD