NOMA AU JAPON : un passionnant documentaire sur l'art créatif..
Janvier 2015. Le NOMA vient de recevoir pour la 4ème fois le titre de meilleur restaurant du monde. Le chef, René Redzepi, décide de fermer son restaurant de Copenhague pour ouvrir une résidence de deux mois à Tokyo, au Japon. Le but : proposer un menu exceptionnel de quatorze plats spécialement conçus pour l’occasion. René Redzepi et sa brigade ont six semaines pour créer de toutes pièces un menu unique et novateur en harmonie avec la culture japonaise, avec des produits et des saveurs qu’ils ne connaissent pas. Une course contre la montre s’engage.
C'est cette folle aventure que nous raconte le cinéaste Maurice Dekkers, dans son premier long métrage documentaire NOMA AU JAPON, qui sort en salles le mercredi 26 avril prochain.
Si le réalisateur de Noma au Japon, Maurice Dekkhers, passionné de cuisine et qui a pris part à quelques émissions culinaires dans son pays d'origine - les Pays Bas- donne l'impression de surfer sur la vague des émissions culinaires qui a trusté les médias depuis plusieurs années, le film mérite plus que ce procès d'opportunisme qu'on pourra éventuellement lui coller en lisant le pitch du film .
En suivant le défi insensé dans lequel s'est lancé René Redzepi, chef étoilé danois qui après avoir obtenu 4e fois de suite le titre de meilleur restaurant du monde ( une récompense décerné par la revue assez controversée 50 Best) de partir au Japon pour tenir une résidence d'un mois au Mandarin Oriental de Tokyo, le film interroge surtout et avec acuité la question de la création artistique , plus qu'il nous met l'eau à la bouche ( étonnamment d'ailleurs, le film ne donne pas particulièrement faim, contrairement à d'autres longs métrages sur la gastronomie comme le Festin de Babette ou Sucré Salé)...
René Redzepi et son équipe ne sont pas partis à l'autre bout de la planète pour jouer les touristes, son but était bien de sortir de la routine dans lequel ils avaient l'impression de tomber après avoir cumule les succès et les lauriers, pour- comme sous le titre du film l'indique parfaitement- réinventer sa cuisine et élaborer de nouveaux plats en accord avec les saveurs de son pays d’accueil.
Le réalisateur a eu visiblement carte blanche pour filmer ce challenge audacieux et risqué; et des très nombreuses heures de rush qu''il a eu sous la main, il a réussi à conserver celles qui montrent une brigade toujours en mouvement et à la recherche d'idées les plus créatives et les plus percutantes qui soient.
Du coup l'intensité d'un tel projet est parfaitement retranscrite : de la quête de la plante et de l'arome qui fera toute la différence, à la mise en place d'une équipe complémentaire et rodée à ce genre d'exercice, Noma au Japon nous dévoile les étapes inhérentes à un tel challenge. L’univers de la cuisine étoilée est très précis et minutieux.
Le moindre détail s'avère ici primordial et c’est ce qu’on retrouve dans la forme de Noma au Japon, avec un soin particulier apporté à chaque étape et chaque protagoniste du dispositif .
Le long métrage de Dekkers sait particulièrement mettre en avant l'importance du groupe, dans leur capacité à gérer ensemble et les joies, et les revers et coups dur, mais insiste encore plus sur le processus créatif.
On voit que le processus de création, en cuisine comme ailleurs, répond à différentes phases qui se succèdent une idée de départ qui galavanise un groupe, puis une phase plus dure de remise en question de résistance, et enfin une vague d'enthousiasme qui fait balayer les tensions passée et qui valide le bien fondé du projet.
Le film est particulièrement stimulant dans cette volonté de tenter de percer les mystères d’une telle effervescence artistique où la recherche d'adrénaline et l'émulation collective, semblent être les deux piliers qui guide fondamentalement ces hommes et ces femmes.
Des hommes et des femmes à la tête duquel règne un René Redzepi particulièrement charismatique, qui, de par son exigence sans faille et son palais particulièrement affuté, crêve tellement l'écran qu'il apparait ainsi comme un personnage de cinéma incontestable, traité ainsi par un Maurice Dekkhers, visiblement assez admiratif de l'objet de son documentaire.
Si le film n'évite pas toujours le côté autocélébration ( on ne verra jamais les clients déguster les plats), il est assez passionnant et intelligent pour être bien plus que cela et constituer un des excellents documentaires de ce premier semestre 2016 ( et dès demain on reparle d'un autre qui nous a encore plus enthousiasmé)..
Cet événement est ouvert au public qui peut réserver pour l’avant-première et le dîner sur www.grand-cuisine.fr