It comes at night/ Split/Love Hunters : le nouveau souffle du cinéma d'horreur??
Après l'excellent Get Out il y a quelques mois, qui actait en quelque sorte la recrudescence d'un racisme nouveau avec l'élection de Donald Trump. It comes at night, sorti le 21 juin dernier, a confirmé à quel point le cinéma d'horreur a semble t il trouvé un nouveau souffle avec l'arrivée de Donald Trump au pouvoir qui a sans doute permis d'exorciser une partie des peurs et émons de l'Amérique.
"It comes at night" constitue un très bel exemple d'un cinéma d'horreur inventif et intelligent qui soumet le genre à une même mise à jour politique : huis clos minimaliste dans un univers post-apocalyptique mené avec beaucoup de maitrise, le film rejette dans le hors champ toutes les menaces- il est vaguement question d'une mystérieuse épidémie mais dont l'origine restera totalement inexpliquée tout le film- pour mieux questionner les origines du Mal, et les convictions morales des personnages et avec elles du spectateur.
Le film nous montre la résistance d'une famille face à une terrible maladie infectieuse. : en restant toujours invisible,la menace n'en est pas moins présente partout : le cinéaste développe avec un talent certain certain une intrigue paranoïaque, dans la lignée des films de John Carpenter (Assaut et The Thing en particulier).
Fort d'un dispositif qu'il maîtrise parfaitement, le cinéaste joue avec brio du motif de l'invasion et du refoulement avec, on la ressent fortement, cette crainte presque paranoïaque d’être contaminé.
C’est parfaitement interprété, avec notamment un Joel Edgerton aussi mutique que dans Loving, mais en un peu plus convaincant.
Si à la fin du film, beaucoup de questions restent en suspens, Trey Edward Shults réalise un film d’horreur psychologique tout en nuances et en maitrise.
Quelques mois avant la sortie It comes at night le cinéma de genre avait frappé un grand coup avec Split- sorti en DVD chez UNiversal le 27 juin dernier .
Un film qui fut annoncé un peu partout comme le renouveau du cinéaste du "6ème sens", jadis vu comme le nouveau Spielberg et depuis largement retombé très bas après des echecs artistiques et commerciaux flagrants comme le "Dernier Maitre de l'air" (aie!) ou "After Earth ( aie puissance 1000!).
Le film sort tout de même juste après "The Visit" est un long métrage qui amorcait un beau retour en puissance en renouvelant ce concept bien éculé du "foundfootage" grâce à un scénario vraiment malin et à une utilisation plus habile que la moyenne de ce dispositif qui lasse un peu tout le monde.
M. Night Shyamalan retrouve un second souffle avec Split, beau et fort prenant mélange de sciences, de psychologie et de fantastique pour constituer unfilm angoissant porté par une réalisation oppressante menée en main de maître: huis-clos étouffant, jeu de l'acteur principal subtil et ébouriffant, scénario malin et surtout une idée de mise en scène audacieuse qui crée un effet miroir tout à fait inattendu entre victime et bourreau.
On retrouve son audace de ses premiers longs , qui prend ici la forme d'un thriller maniant avec brio le sordide avec l'humour, offrant au passage l'un de ses plus beaux rôles à James McAvoy.
Dommage simplement que le dénouement, même s'il s'inscrit avec cohérence dans la filmographie de son réalisateur., déçoit un peu et atténue la portée du film en le classant à un rang plus anecdotique que le reste du long métrage d'excellente tenue.
On finit cette revue de genre du cinéma...de genre par non plus un film américain mais un film qui nous vient des antipodes, avec LOVE HUNTERS , excellent film australien réalisé par un certain BEN YOUNG et qui est sorti en salles le 12 juillet dernier.
Thriller psychologique sous forte tension découvert lors du dernier Festival des "Hallucinations collectives" en avril dernier, love hunters est aussi l'histoire d'un kidnapping dans une banlieue australienne aseptisée.
Climat tendu, personnages inquiétants et incarnés avec force, mise en scène solaire qui contraste avec la noirceur du sujet, LOVE HUNTERS s'inscrit dans un cinéma de genre d'auteur assez proche de PRISONERS, BLUE RUIN OU GRAVE.
La tension y est constante, entretenue par une B.O à couper le souffle, sens du cadrage, acteurs formidables, et dépaysement garanti avec une ville de Perth en plein Noël et en plein cagnard : un film à conseiller à tous les admirateurs du genre, et même plus!!!