Pour/Contre: The Shape Of Water : on se déchire sur le grand gagnant des Oscars 2018 !
Récompensé du Lion d’or à la dernière Mostra de Venise, et grand gagnant des Oscars cette nuit de dimanche à lundi, il était opportun de revenir sur "La Forme de l’eau" , qui a enchanté tout le monde aux USA, mais aussi en France dès le premier jour de sa sortie en salles le 21 février dernier.
Presque tout le monde, en fait, car il reste un ilot de raleurs qui boudent leur plaisir. et qui ont un peu réchigné ce matin en voyant les résultats des Oscars ..
Et malheureusement, des grincheux, on en a un dans la rédaction à Baz'art en la personne de Michel qui a tiré la tronche..
L'occasion de réaliser un pour et un contre quelques mois après notre prise de bec sur le film d'Eric Caravaca, Carré 35 et pour une fois c'est Michel qui joue le méchant :
POUR : UN RAVISSEMENT POUR LES YEUX !
Quasiment tout m'a ravi dans ce formidable "The shape of the water" et notamment cette façon dont Guillermo Tel Toro utilise sa cinéphilie et ses modèles de référence des films des années 50/60 pour réaliser une oeuvre hommage à ce cinéma holywoodien.
Il le fait, tout en s'en affranchissant et en y pervertissant les codes, un peu à la manière d'un Bunuel ou d'un Hitchcock, qui étaient aussi à leur manière des iconoclastes, situés à l'intérieur du système, une position bien plus efficace comparé à ceux qui sont uniquement en dehors.
Finalement, cher Filou baz'art, je suis très déçu : tu as beau jouer les anticonformistes et défendre généralement Lelouch et autres cinéastes que les vrais cinéphiles détestent, je m'aperçois, non sans stupeur, que tu aimes aussi et surtout les films prévisibles et ultra consensuels... Parce que franchement, cette "forme de l’eau", je l'ai vraiment trouvé tartignole avec son scénario ultra téléphoné...
De belles images soignées et avec une belle lumière verte ne font pas toujours un bon film et d'ailleurs, c’est un peu le problème récurrent avec le cinéma de Del Toro : on a à faire à .un bon faiseur qui n’a pas grand chose à dire, ou alors qui répète ce qui a été dit des multitudes de fois....
"La forme de l'eau", ce n'est rien de plus qu' Amélie Poulain pendant la guerre froide, ou alors si vous préférez, la Belle et la Bête ont piscine aujourd'hui....
Guillermo, il est vrai que vous étiez sympa comme tout au festival Lumière et on a pu voir combien vous savez manier la gratte, mais soyons sérieux, vous n'êtes pas allé bien loin pour écrire cette histoire dans laquelle les femmes de ménages muette ou noires sont toutes gentilles, et où les chercheurs sont soient méchants, soient russes soient les deux et tout cela pour nous dire quoi, au fond : que le vrai monstre n'est pas celui qui ressemble physiquement à un monstre, merci pour l'audace, Guillermo! ...
On se demande quand même si vous n'avez pas détéré un scénario écrit au second degré par Dalton Trumbo pour Richard Fleicher, tant tout cela sonne Hollywood 1952 et pas du tout Cinéma américain des années 2010 innovant et moderne comme on aimerait plus en voir sur nos écrans ..
Une pluie de questions s'abattent alors sur mes pauvres petites épaules : Pourquoi tant de talent pour si peu...?? Pourquoi autant d'Oscars dimanche soir? Et pourquoi le Lion d'Or à Venise??? ...
Cher Filou, toi qui décrie parfois à tort et à travers le cinéma américain, et vous, chers lecteurs de Baz'art que je sais bien plus avisés que le maitre de ces lieux, vous désirez voir sur nos écrans un film qui raconte une belle histoire avec simplicité tendresse et surtout un cinéma pas prétentieux pour deux dollars.?. Oui?
Dans ce cas, courez voir alors "Lady Bird" de Greta Gerwing, et oublier cette "forme de l'eau" sans odeur et sans saveur, bref qui ressemble ni plus ni moins qu'à un verre d'eau même pas gazeuse....
Michel D