DILILI A PARIS (critique) : un vrai enchantement pour les yeux
Dans ma jeunesse, on va dire le début des années 90, les longs métrages d’animation étaient quasiment inexistants en France et en Europe : Il faut attendre l’arrivée du film de Michel Ocelot, alors déjà reconnu pour ses nombreux courts, comme La Légende du pauvre bossu, César du court métrage d’animation (1983), pour que le cinéma d’animation européen prenne sa place dans le paysage mondial.
C'est bien sûr son chef d'oeuvre Kirikou et la sorcière qui ouvre la voie à un nouveau type de films d'auteur, loin de l'hégémonie Disney - un film qui a 20 ans cette année et que le festival Lumière celebrera cette semaine.
Dans "Dilili à Paris", en salles depuis mercredi , le créateur du célèbre "Kirikou" , Michel Ocelot, est de retour avec un nouveau film événement que nous avons eu la chance de voir en avant première lors du dernier festival d'Annecy.
Le "pape de l'animation française" célèbre cette fois le Paris de la Belle Epoque à travers les aventures d'une jeune kanake métisse, qui va mener une enquête sur des enlèvements mystérieux de fillettes dans la capitale.
Le film épate totalement par son magnifique travail d’orfèvre , courronnant là sans doute ce qui est le plus beau travail artistique d'Ocelot : ce film est un régal pour les yeux et pour les oreilles et lanimation s’inscrit dans ce décor photographique minutieusement sélectionné.
L’enchantement graphique et visuel de ce film et cette représentation du Paris de la Belle Epoque est absolument enchanteur.
Michel Ocelot, perfectionniste, comme on avait pu s'en rendre compte lors de notre rencontre au festival de Vaulx en Velin, a passé deux ans à photographier Paris sous tous ses angles et à se documenter pour offrir une reconstitution minutieuse et absolument splendide de la capitale.
Le film séduit aussi par son discours féministe et engagé, plutôt étonnant chez Ocelot: avec l'histoire de ces males-maitres qui font des choses mystérieuses mais horribles aux femmes et aux jeunes filles, Dilili à Paris évoque le lourd sujet de l’oppression des femmes, avec des allusions fines mais assez évidentes aux dérives obscurantistes que l'on peut connaitre dans certains pays..
Du coup, certains petits enfants à qui le film est évidemment destiné pourraient trouver cette partie là assez sombre et anxiogène.
Un bémol cependant : beaucoup de scènes semblent manquer de naturel et le phrasé de certains personnages peut un peu agacer. Ainsi, le personnage de Dilili, répétant d’un ton maniéré à chaque personnalité qu'elle croise , révérence à l’avenant, « je suis heureuse de vous rencontrer » devrait nous émouvoir mais a eu tendance à irriter, enfants compris, les spectateurs..
Pour comparer, le personnage de Kirikou avait la même candeur mais sa façon de parler était bien moins agaçante.
Mais passé ce petite réserve, le film d'Ocelot a suffisamment d'atouts pour toucher un large public, on le recommande donc sans hésiter !