Give me Liberty (critique) : un road movie urbain énergique et tendre
Comme le lapin d’Alice, il court,il court Vic. Mais de toute façon il sera toujours en retard. Un jour comme un autre pour le jeune conducteur de bus pour Handicapés.
Après avoir écouté les leçons de vie d’un vieux noir tétraplégique, il aide son grand-père, très proche d’un Alzheimer, à s’habiller juste avant de s’occuper d’un jeune homme obèse. Il court, il court Vic, il sera toujours en retard Vic.
Vite, il faut qu’il passe chercher Tracy, une assistante sociale souffrant de la maladie de Charcot, qui a un rendez-vous professionnel important, juste avant un petit coup de main pour décoincer un matelas dans un escalier et surtout être à l’heure pour le concours de chant d’un atelier protégé.
Il roule, il roule vite le bus et tout cela dans une joyeuse cacophonie, car bien sûr c’est le jour de la loi des emmerdements maximum pour Vic.
Son bus se remplit des amis de son grand-père qui n’ont pas d’autres moyens pour assister à un enterrement. Tout à coup c’est comme si toute la diaspora russe de la petite ville de Milwaukee s’était donné rendez-vous à bord. Il se sent un peu seul Vic, il y a beaucoup de monde qui compte sur ses frêles épaules mais il est seul Vic.
Il ne pourra pas trop compter sur Dima, un boxeur russe qui a tendance à faire les yeux doux à toutes les jolies filles qui passent, fussent-elles enceinte. Dure journée pour Vic, il aide tout le monde mais lui qui est-ce qui l’aide ?
Road movie urbain énergique et tendre. Film à la mise en scène électrique qui réussit à créer un harmonieux chaos, très écrit mais aussi joyeusement bordélique et d’une authenticité revigorante.
Documentaire et romanesque à la fois, « Give me liberty » dégage une force humaniste tendre et tragiquement humaine. L’âme russe à la sauce américaine.
Give me Liberty ; Kirill Mikhanosky
Quinzaine des Réalisateurs // Au cinéma depuis le 24 juillet