Roubaix, une lumière ( critique) : Desplechin réussit à moitié son deux films en un !
Arnaud Desplechin, spécialiste du romanesque et du cinéma français d’auteur, change totalement de direction avec son nouveau film.
Présenté en compétition officielle au dernier festival de Cannes, Roubaix, Une Lumière qui sort ce mercredi 21 août en salles, témoigne de l’incursion inattendue d’Arnaud Desplechin dans un registre qui lui est plutôt étranger, le polar social.
En effet, le cinéma de Desplechin a été tourné par essence vers une sorte de romantisme cinématographique très littéraire, souvent verbeux qui parfois touche au coeur ( Trois souvenirs de ma jeunesse) parfois irritent prodigieusement ( les fantômes d'Ismaël, dernier et très decevant opus en date)
. Cette fois-ci, le cinéaste a voulu se confronter au réel via le cinéma de genre reprenant un matériel brut : un fait divers qui s'est produit à Roubaix en 2002, dans lequel un couple de jeunes filles toxicomanes ont tué une personne âgée.
Au final, son Roubaix, Une Lumière erre entre la chronique sociale et le film policier, entre l’étude psychologique assez lyrique et métaphysique et le polar à l’atmosphère lourde et ce mélange entre deux univers assez distinct est très ambitieux mais pas totalement réussi, la greffe entre une oeuvre naturaliste à la Polisse ou à la L627 et un film plus littéraire et romanesque comme Desplechin sait les faire ne fonctionne pas autant qu'on aimerait qu'il fasse.
Cette chronique quotidienne d’un commissariat de Roubaix, ville natale du cinéaste, et qui fait partie des plus pauvres de France, touche plutôt dans sa première partie avec une vision de la misère sociale qui échappe souvent au sordide, et un personnage de commissaire très intéressant, presque christique, à qui Roschdy Zem, habitué au rôle de policier , rôle qui lui va souvent très bien prête son incroyable charisme .
Malheureusement le film se perd un peu dans sa seconde partie qui s'interesse de trop près au fait divers du meurtre d'une jeune femme, fait divers finalement assez banal, et qui ne dépareillerait pas dans une fiction télévisée française du samedi soir...
On comprend aisément que le cinéaste qui a embauché deux grandes actrices françaises, Léa Seydoux ( très bien) et Sara Forestier ( qui en fait un peu beaucoup) veuille les utiliser , mais les scènes de reconstitution et d'aveu semblent être un peu redondantes et peu passionnantes .
Toujours interessant à suivre mais jamais totalement déchirant, ce Roubaix une lumière est un film d'entre deux dont l'absence au palmarès du dernier festival de Cannes se comprend assez bien...
Roubaix, une lumière - Bande-annonce VF
ROUBAIX UNE LUMIÈRE Extraits (Cannes 2019) Léa Seydoux, Drame