Festival Lumière 2020 : Souvenirs de Tonie Marshall
Seule femme à avoir reçu le César du “meilleur réalisateur”, Tonie Marshall était une cinéaste engagée dans la lutte pour l’égalité femmes-hommes dans l’audiovisuel.
Le Festival a rendu un bel hommage à cette fidèle amie du festival qui nous a quittés cette année en projetant deux fois Numéro une, un de ses meilleurs films.
Numéro une est un long métrage passionnant qui aborde le sujet de l’égalité entre hommes et femmes au travail, et notamment au sein des postes de direction et notamment de la grande injustice faite aux femmes dont aucune n'occupe un poste de dirigeante du CAC 40.
"Numéro une" sonde les arcanes du pouvoir et les différentes luttes entre réseaux d’influences de deux sexes différents alors qu'un de ces postes de chef d'entreprise du CAC 40 va justement se libérer et que tout le monde doit aiguiser ses arguments pour mettre son poulain tout en haut.
Le long métrage de Tonie Marshall, qu'on retrouvait alors avec grand plaisir en grande forme après plusieurs longs métrages décevants, nous montre avec subtilité -- les dialogues sont particulièrement bien troussés- les stratégies mises en œuvre pour se maintenir sur les plus hautes marches du pouvoir, et comment ces groupes d'influences sont prêts à utiliser tous les moyens pour arriver à leurs fins , parfois au détriment de la morale, voire de la loi.
"NUMÉRO UNE se veut un film positif, et le contraire d’un film victimaire. Le discours victimaire me met souvent mal à l’aise. Je sais que le +doute+ est un sentiment partagé par presque toutes les femmes mais, même atteintes ou blessées, nous devons essayer d’être dans l’avancée, toujours croire que les choses peuvent changer". Tonie Marshall au moment de la sortie du film
Un film en prise à une problématique o combien d'actualité, qui met en avant une ode au féminisme réaliste et non manichéen.
Au sein d'un casting très solide (même Biolay est excellent dans un ses meilleurs rôles), Emmanuel Devos, porte haut le rôle principal d'une une femme d’affaire très influente, qui se demande si elle va réussir à avaler toutes les couleuvres qu'on lui fait avaler pour tenter d' arriver au sommet .
Dans la lignée d'un Corporate, autre thriller social français qui s'aventurait sur des terres peu balisées par le cinéma, "Numéro une", malgré une mise en scène parfois fonctionnelle, reste une vraie réussite
Et on se souvient de la présence récurrente de Tonie Marschall dans plusieurs éditions du festival notamment dans le cadre du Prix Lumière 2018 à Jane fonda, lorsqu'elle est venue présenter Julia de Fred Zinnemann.
Le film a été présenté dans une version restaurée, présentée au Cinéma Saint Denis de la Croix rousse par une Tonie Marschall qui dit avoir beaucoup aimer cette histoire d'amitié fortes entre deux femmes, quinze ans avant Thelma et Louise, une histoire d'amitié à laquelle elle s'était identifiée, la cinéaste de Venus Beauté ayant à l'époque étant très amie avec Anémone ( dont le caractère lui aurait fait penser au personnage joué par Vanessa Redgrave).
Deux femmes qui en 2018 étaient encore de ce monde, se souvenir de cette soirée laisse forcément un relent très nostalgique et poignant.
Après #DidierBezace une autre grande personnalité du 7eme art nous a quitté avec #toniemarshall, grande réalisatrice, qui est jusqu'à ce jour la seule femme à avoir reçu le César du meilleur réalisateur et qu'on croisait régulièrement lors des différents #festivallumieres..snif pic.twitter.com/IGClzIkK6p
— Baz'art (@blog_bazart) March 12, 2020