On a vu Flux Gourmet, le dernier trip expérimental de Peter Strickland
Un collectif d'artistes s'installe dans un centre consacré à la gastronomie et aux performances culinaires. La dynamique du groupe connaît des rivalités internes. En plus de ces tensions, et tout en consignant les actions du collectif, le "dossierge" du centre connait des troubles gastriques de plus en plus conséquents. Les différences créatives mènent à la guerre.
On était impatients de découvrir Flux Gourmet, parce que c'est la nouvelle provocation très attendue du radical Peter Strickland, réalisateur de The Duke Of Burgundy , In Fabric ou encore Berberian sound studio, une oeuvre assez fascinante, à mi chemin entre le film d'horreur et le conte métaphysique.
Le sulfureux réalisateur anglais continue de creuser ses obsessions (le corps, le malaise, le bizarre) avec un film choquant, étrange, fascinant, qui va triturer vos sens pour mieux vous retourner le cerveau.
Une expérience cinématographique à base de food porn, de musique, de pets. Flux Gourmet, passé dans plusieurs festivals l'an passé ( Berlin, TIFF) avant d'atterir sur la pleteforme Filmo en cet été 2023 est un bon vieux trip artistique, très chic et choc aux images soignées, aux acteurs plutôt investis dans une démarche louable d'expérience artistique qui va assez loin dans la démesure et le baroque...
Une expérience cinématographique surréaliste comme un hommage au cinéma seventies de Luis Bunuel, Jean-Luc Godard ou Michelangelo Antonioni pour l'engagement intime et politique, Ken Russel pour la musique et le baroque et même Marco Ferreri ou Pier Paolo Pasolini pour la métaphore excrémentielle.
Bref des images, des sons- très beau travail sonore comme dans Berberian Sound Studio- des pets et des poums, des costumes improbablement poétiques et des vents bizarres sortant du falzard du narrateur, écrivain empêché qui observe des artistes se débattre et même patauger dans des performances musicales, potagères, ménagères et culinaires.
Bref un fourre-tout d'images tantôt sensuelles et froides, tantôt sexuelles et chaudes pour un cinéma se vivant comme une expérience, un voyage artistique rare, parfois abscons mais toujours joyeusement mélancolique comme une œuvre d'art forcément imparfaite qui prend tout son sens à la sortie de l'atelier de l'artiste..Et on est assez ravis que pour une fois, et contrairement à ce que peut faire un Ruben östlung, l'art contemporain ne soit pas traité avec mépris et cynisme ricaneur.
Sans doute que personnellement; je suis trop vieux pour apprécier tant je vois les références et les performances qui faisaient rougir le bourgeois fin de XX eme siècle et je me dis que le film ne dépassera jamais les films des réalisateurs cités plus haut, mais je pense sincèrement que les jeunes cinéphiles peuvent adorer l'expérience ...
FLUX GOURMET
de Peter Strickland
avec Asa Butterfield, Gwendoline Christie, Ariane Labed, Fatma Mohamed, Makis Papadimitriou, Richard Bremmer...