[CRITIQUE] La Vie de ma mère- le tabou de la bipolarité
Les personnes qui souffrent de bipolarité sont dans
une souffrance réelle. Mais, à l’inverse, pour les accompagnants et
les proches, cette phrase résonne comme une sorte d’échec et
mat… On se sent complètement démuni et cela peut provoquer
colère et désarroi.
Pierre, 33 ans, fleuriste dont la petite boutique cartonne voit sa mère Judith, personnalité particulièrement extravertie et fantasque et excessive redébarquer dans sa vie après deux années passées loin de lui. Son amour profond pour cette mère l’empêche de s’en détacher et au fond de se construire en tant qu’adulte.
On avait suivi sa carrière de loin mais on sait que Julien Carpentier a travaillé avec des humoristes tels que Mathieu Madénian, Thomas VDP et Monsieur Poulpe surtout à la TV, plutôt des poids lourds de la comédie. Pour son premier long-métrage au cinéma il met un peu du drame dans sa comédie et s’attaque à un sujet délicat et personnel.
Le personnage maternel annoncé dans le titre, titre au demeurant assez banal, est atteint d’un trouble bipolaire. Il est en fait directement inspiré de sa propre père, d'après les confidences qu'il nous avait fait lors du dernier festival du film de société de Royan où on avait eu la chance de l'interviewer
La Vie de ma mère pourrait être une chronique familiale des plus classiques, mais Julien Carpentier l'agrémente de jolies idées parfois décalées, parfois poétiques, comme cette passion des fleurs, qui réunit mère et fils, avec du coup, toute la symbolique du langage des fleurs en métaphore.
Le film réussit son pari, toucher au coeur, notamment grâce à une écriture des personnages des plus fines et un duo de comédiens au diapason.
.Mention spéciale en effet au duo Agnès Jaoui- dont on a peur qu'elle en fasse un peu beaucoup au début du film avant de paraitre plus nuancé à la fin du film et surtout William Lebghil sans doute dans son rôle le plus émouvant et le plus nuancé de sa jeune carrière - qui fait des étincelles ..
Et le film n'est jamais aussi touchant lorsque les silences, les non dits, les regards et les chansons qui en disent plus que les mots ( très belle séquence de karaoké sous fond de Julien Clerc) laissent place aux dialogues.
Ces belles scènes, porté par le très beau décor de la dune du Pilat, emportent le morceau et font de cette vie de ma mère une très agréable surprise!