Baz'art  : Des films, des livres...
16 octobre 2015

Les deux amis : quand Louis Garrel nous enchante!!

 

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Il y a encore quatre ans, dans plusieurs chroniques de films publiés au début de mon blog (notamment celles d’un Été Brulant de son père Philippe ou celles de mon chef d’œuvre de 2011 Les biens aimés  ,j’avouais, comme beaucoup d'autres je pense, mon agacement pour le jeu de  Louis Garrel  que je trouvais vraiment trop décalé et  pédant  pour me toucher, à tel point que je trouvais même que sa prestation entachait certains des films dans lequel il était à l’affiche.

Au fil des années et de ses rôles, j’ai appris sinon à l’apprécier,  en tout cas à moins être irrité par ce jeu si particulier et cette façon perpétuelle de faire la gueule  et de jouer sur le créneau du  bobo superficiel.

Visiblement, lui-même a d’ailleurs fait le même constat qu’il pouvait indisposer autrui puisque dans son premier film en tant que metteur en scène, il joue pas mal avec l’image qu’il renvoyait aux gens, avec notamment une réplique  (« Pourquoi tu fais tout le temps la gueule? Tu penses que ça te donne l'air profond ? ») qui montre cette grande lucidité et cette grande capacité d’auto dérision que Garrel, indéniablement, possède.

Et c’est tout son long métrage qui, non content de jouer avec cette image, tente surtout de rompre avec cette facette en donnant une variation plus légère, plus comique de ce jeune bourgeois tête à claque ténébreux et ombrageux.

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Très librement inspiré des "Caprices de Marianne" de Musset, Garrel nous offre ainsi un triangle amoureux qui réussit haut la main à sortir des cadres habituels du genre  en proposant un long métrage plein de fantaisie et de singularité.

A la fois moderne et hommage plus au moins assumé aux grands films français des années 60-80 (ceux de la Nouvelle Vague évidemment comme il a été dit ici et là, mais aussi les films de Sautet avec ces belles scènes dans les cafés et plus étonnamment le Marche à l’Ombre de Michel Blanc)), ces deux amis sont une œuvre vraiment emballante bien à l’image de son auteur : tout à la fois nonchalant et profond,  mais aussi  plein d’humour et touchant.

Dans le droit prolongement du court-métrage La Règle de Trois, "Les deux amis"  s'avère être une fable à la fois légère et mélancolique- on voit très bien que Christophe Honoré à écrit le scénario sur les rapports sentimentaux  et amicaux d'un trio de personnages  sur un tout petit laps de temps.

Chose assez rare dans ce genre de film : on croit vraiment en ces personnages, on ressent parfaitement à l’alchimie qui se créent entre eux et à leur complémentarité,  leur évolution et leurs attitudes nous semblent particulièrement justes et bien pensés. C'est dans leurs différences (étant chacun à l'opposé de des autres) qu'ils s'unissent et créent une entité attachante.

On aime cette façon de raconter  une histoire d’amitié sous le prisme d’une histoire d’amour avec des phrases de rupture amicale qui sonnent vraiment comme une rupture de couple.

Afficher l'image d'origine

Et évidemment pour que cette complicité soit présente, il fallait un trio d’acteurs au diapason, ce qui est le cas, en premier lieu Louis Garrel qui s’est offert un très beau rôle qui lui permet donc comme il le voulait de nuancer son personnage de bellâtre bourru et également  Vincent Macaigne- croisé mercredi au Village Lumière et très proche dans la vie de ses rôles au cinéma, toujours épatant même dans un rôle d’amoureux transi auquel il semble un peu adonné depuis quelques films...

Et  autour d’eux,plus qu'une actrice, une sorte de miracle de l'humanité, Golshifteh Farahani trône comme une divinité à la fois éblouissante et profondément émouvante, notamment dans cette scène où elle écrit à sa mère vers la fin du film...

Le film est d’ailleurs truffé d’un certain nombre de scènes qui sont comme des instants de grace volés à la vie, ici une danse, presque en transe, dans un café parisien, plus loin une visite nocturne dans une église, là encore, une scène dans un escalier où la violence des sentiments et des mots  est admirablement prise sur le vif, des scènes qui sont comme un assemblage dans un scénario qui donne parfois l'impression d'être désinvolte et décousu mais qui touche profondément par son coté inspiré et énergique.

Tout à tour drôle,  bordélique, desespéré, "Les deux amis "prouve en tout cas de bien belle façon à quel point  Louis Garrel, cinéaste et acteur  évolue dans un sens assez admirable, et sa très prochaine prestation dans le  "Mon Roi" de Maiwenn où il fait visiblement preuve d'un sens comique redoutable devrait le confirmer.. 

 Bande-annonce : Les Deux Amis

 

Commentaires
A
Quel bel article ! J'ai assez peu vu d'article sur les blog concernant ce film, mais il m'avait fortement attiré en salle. Si j'ai été moins enthousiaste à cause du côté bordélique, surtout du derniers tiers, il reste un film bourré de qualité. Et je pense tellement comme toi à propos d'elle "une merveille, un miracle de l'humanité, Golshifteh Farahani ". Tu as tout dit :)
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