Baz'art  : Des films, des livres...
18 mai 2018

Cannes 2018 : EN GUERRE : le duo de choc Brizé/ Lindon frappe encore de plein fouet

  

en-guerre-1

En même temps  que les festivaliers, on a pu découvrir, cette année , trois films en compétition à Cannes et, par rapport à l'an passé où le triptique Rodin/ Les fantômes d'Ismaël/ L'amant double laissait (au mieux) quelque peu dubitatif, cette année,  ceux qui ne sont pas à Cannes sont bien lotis avec trois excellents longs métrages projetés simultanément dans les salles obscures.

Ainsi, après Everybody Knows dont notre critique est bien plus enthousiaste que celles de nos collègues très tièdes sur le voyage espagnol de Farhadi et, avant de revenir sur l'éblouissant film de Christophe Honoré, il est important de revenir sur un des longs métrages de la compétition qui faisait sans doute partie des plus attendus à savoir En guerre de  Stéphane Brizé qu'on a pu voir mardi soir en même temps que sa projection sur la croisette.

01_en_guerre_c2018-nord-ouest-films-1-1600x900Après un détour peu convaincant par l'adaptation littéraire de grand classique  Stéphane Brizé  revient ainsi après La loi du marché en 2015  au film social et politique pour  raconter la lutte d’ouvriers pour sauver leurs emplois à Agen.

Il le fait à travers une nouvelle chronique sociale tout en force et en réalisme avec le même dispositif général que pour la loi du Marché, à savoir une nouvelle fois,  un Vincent Lindon totalement investi en leader syndical, plongé au milieu de comédiens non professionnels pour sonder en profondeur les maux de l'ultra libéralisme forcené.

"En guerre" nous montre tout de ce « marché » qui dicte tout des régles et entraine une lutte des classes particulièrement tranchée avec des visions idéologiques qui s'opposent fortement sur la liberté d’entreprendre et la mondialisation, et un État qui "conseille", tout en prenant bien soin de ne jamais vraiment s'engager.

 01_en_guerre_c2018-nord-ouest-films-1-1600x900

En tête du combat syndical, en délégué jusqu'au boutiste, Vincent Lindon est une nouvelle fois formidable, totalement investi à cette cause : il mobilise les salariés, les politiques, la justice pour tenter d'atténuer (en vain?) cette course au profit au dépens d’employés corvéables à merci.

Contrairement à  ses autres rôles chez Brizé où il était particulièrement  taiseux et résigné ("La loi du marché mais aussi Mademoiselle chambon ou le beau "Quelques heures de printemps" ,Lindon campe ici un homme qui argumente, se défend et résiste.

A voir dès demain soir lors du Palmarès si son impeccable prestation peut lui permettre de faire le doublé cannois concernant un éventuel prix d'interprétation masculine (même si Pierre Deladonchamps, formidable dans le Honoré, a encore plus nos faveurs et qu'on parle aussi beaucoup de l'acteur due Dogman de Matteo Garrone).

 

5-En-Guerre

 Si dans LA LOI DU MARCHÉ (voir chronique) le procédé de  coller à son héros en évitant tout romanesque et lyrisme donnait un côté  opressant  avec une accumulation un peu redondante de plans fixes et un héros particulièrement taiseux et  résigne, EN GUERRE aborde la problématique de  l’injustice sociale avec une autre tonalité et une approche différente même s'il reste fidèle au naturalisme très proche du documentaire.

La mise en scène est  certes toujours aussi épurée et dépouillée,mais avec cette caméra à l'épaule qui suit cette lutte sociale et des discussions à n'en plus finir, il y a là une urgence, une intensité et un rythme- notons une intelligence admirable du montage – qui faisaient un peu défaut au premier volet d'autant plus qu'une bande musicale vient apporter un peu d'aération au dur constat qui s'affiche sous nos yeux.

Toujours aussi inconfortable que la loi du marché , En guerre est moins  apre et moins austère du film et surtout même s'il épouse évidemment la cause de ces ouvriers prend soin de ne pas tomber dans le manichéisme primaire : dans le film de Brizé, il n'y a pas d'un côté les gentils salariés et de l'autre, les méchants patrons.

04_en_guerre_c2018-nord-ouest-films-1600x900

On voit à quel point Stéphane Brizé et son co-scénariste ont porté une attention particulière à l'écriture des personnages basés sur plusieurs faits divers, afin de construire du mieux possible cette plongée hyperréaliste dans un plan social.

Leur propos porte avec plus de pertinence et de nuance et leur film va bien plus loin que les témoignages vus dans les médias (les TV d'infos continus sont très présentes dans le film) qui se contentent de relayer la colère, sans tenter d'en expliquer les raisons profondes et qui ne nous montrent jamais les endroits où tous se jouent comme ces salles de réunions où se déroulent une bonne partie de l'intrigue du film de Brizé.

Alors certes on pourra toujours préférer à ce cinéma la, un cinéma à la Ken Loach, plus sentimental et plus humain, mais ce film, qui prend une résonnance toute particulière dans le contexte actuel de lutte des cheminots, n'en est pas moins aussi passionnant que grandement salutaire. 

Résultat de recherche d'images pour "en guerre film lindon"

 

 

Commentaires
Pour en savoir plus

Webzine crée en 2010, d'abord en solo puis désormais avec une équipe de six rédacteurs selon les périodes. l'objectif reste le même : partager notre passion de la culture sous toutes ses formes : critiques cinéma, littérature, théâtre, concert , expositions, musique, interviews, spectacles.

 

Contact de l'administrateur

Envoyer un mail à l'adresse suivante : philippehugot9@gmail.com 

Visiteurs
Depuis la création 7 563 264
MUSEE DES CONFLUENCES EXPOSITION EPIDEMIES PRENDRE SOIN DU VIVANT

 

MUSEE DES CONFLUENCES EXPOSITION EPIDEMIES PRENDRE SOIN DU VIVANT

(du 12 avril 2024 au 16 février 2025).

Peste, variole, choléra, grippe de 1918, sida et très récemment COVID-19… Depuis des millénaires, les épidémies affectent les sociétés humaines ainsi que les autres espèces animales. Comme une enquête historique, l’exposition revient sur ces événements qui ont bouleversé la vie sur tous les continents.

 

Jazz Day : 24 heures pour célébrer la diversité du jazz

Pour la 11e année consécutive, Jazz à Vienne coordonne la programmation du Jazz Day sur le territoire lyonnais et ses alentours.

Depuis le 36e congrès de l'UNESCO en 2011, à l'initiative d'Herbie Hancock, le 30 avril est une journée de célébration du jazz dans toute sa diversité.

Cette année, la programmation de cette journée compte une quarantaine d'événements festifs et musicaux à Lyon, Vienne, Saint-Etienne, Villefranche-sur-Saône et Bourgoin-Jallieu.

Jazz Day | Jazz à Vienne (jazzavienne.com)