Romancier de Lyon : La République des faibles, Gwenaël Bulteau: meurtres sur les pentes de la Croix Rousse
"À ses yeux, la décharge de la Croix-Rousse constituait un véritable filon qu’il n’était pas le seul à exploiter car parfois, lorsqu’il grattait dans la pourriture, il dérangeait les rats qui s’écartaient de mauvaise grâce, contrariés par cet homme empiétant sur leur territoire. À d’autres moments, dressées sur leur arrière-train, les braves bêtes lui faisaient une haie d’honneur comme pour rendre hommage à l’un des leurs au milieu des ordures. Il fallait bien que tout le monde vive."
Fin du XIXe siècle, à Lyon, alors que la célèbre Affaire Dreyfus tient le haut du pavé, les ligues nationalistes font le coup de poing avec les organisations communistes, souvent clandestines.
Dans cette ambiance très tendue, le probable meurtre d’un enfant, dont un chiffonier vient de retrouver la dépouille sur les pentes de la Croix-Rousse en janvier 1898, ne peut qu'augmenter cette ambiance de violence sourde .
Le commissaire Jules Soubielle est chargé de l'enquête dans une ville en proie à de fortes tensions, entre nationalisme, antisémitisme exacerbé par l'affaire Dreyfus et socialisme naissant.
On triche un peu dans notre rubrique romanciers de Lyon : contrairement à Yamina Benahmed Daho et François Médeline, les deux derniers écrivains ayant eu les honneurs de cette catégorie Gwenaël Bulteau n'est pas vraiment une plume locale puisque, comme son prénom l'indique du reste, il est né et réside toujours en Vendée.
Mais on ne pense pas qu'il ira nous chercher des poux dans la tête si l'on classe son premier roman, La République des faibles dans la catégorie des romans lyonnais.
En effet, son auteur a situé son intrigue dans la cité des Gones et il doit d'ailleurs beaucoup à la ville de Lyon, puisqu'une de ses nouvelles policières, point de naissance de ce premier roman, avait été récompensé par le célèbre festival Quais du Polar, assurément bien accroché entre Rhône et Saône.
Mais trève de chauvinisme local, le plus important est bien que Gwenaël Bulteau nous livre ici un très solide roman policier historique, nous ramenant à la fin du XIXème siècle, en pleine affaire Dreyfus, en mélant histoire et intrigue policière dans la doite lignée d’ un Hervé Le Corre
Privilégiant l’action aux analyses psychologiques, Gwenaël Bulteau nous immerge dans un polar très solidement construit avec un style classique que ne renierait pas Dickens et Zola.
Le Jury du Prix Landerneau Polar qui vient tout juste de le consacrer ne s'y est d'ailleurs pas trompé du tout !
La République des faibles , Gwenaël Bulteau, éditions La Manufacture de Livres, 368 p., 19, 90 €.
Gwenaël Bulteau nous immerge dans un polar très solidement construit avec un style classique que ne renierait pas Dickens et Zola. Le Jury du Prix Landerneau Polar qui vient tout juste de le consacrer ne s'y est d'ailleurs pas trompé du tout pic.twitter.com/qVDLjmymn5
— Baz'art (@blog_bazart) March 18, 2021