[CRITIQUE] Reine Mère : les 90's version fantasque et vivifiantes!
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"Tu sais qui je suis ? La fille d’un fermier qui se prend pour la Reine d’Angleterre."
Elle est tunisienne, il est algérien, tous deux ont quitté leur pays pour s’établir en France et y fonder leur famille. Au mitan des années 90, Amel et Amor s’aiment mais se chamaillent constamment.
En ébullition quasi permanente, Amel est en colère contre le déclassement social qu’a entraîné son exil, une colère amplifiée par le caractère résilient de son mari, qui cumule deux jobs pour faire vivre sa famille.
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Alors que le couple marche sur un fil, l’aînée des filles, Mouna fait une drôle de rencontre dans les couloirs de l’école, Charles Martel en personne.
Cette figure mythologique de l’histoire de France qu'on connait surtout pour avoir " arrêter les arabes à Poitiers" devient une sorte d’ami imaginaire pour la jeune fille, un ami retors, mal élevé et brusque, mais un ami quand même, qui étrangement, va l’aider à explorer ses peurs et comprendre son identité.
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Il y a quelque chose de profondément réjouissant et salvateur dans ce Reine Mère, le deuxième film de Manele Labidi , en salles depuis hier.
Quelques années avec le déjà très plaisant Un divan à Tunis, cette "dramédie" familiale mêle l'intime et le politique.
Manele Labidi ambitionne en effet de faire dialoguer la grande Histoire telle qu’elle est racontée par la doxa, et les multiples histoires qui forment la constellation des récits d’immigration qui ont fait la France dans les années 90.
Sur le ton de la fable, Reine Mère raconte quelque chose d’une histoire commune écrite des deux côtés de la Méditerranée.
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Manele Labidi nous invite à un doux voyage où mémoire et histoire valsent avec tendresse, ironie et beaucoup d’humour au cours d'une plongée en arrière revigorante et jamais plombée par la nostalgie.
Pour raconter l’histoire d’une famille, une parmi tant et tant d’autres venues en France pour travailler avec un seul désir : s’intégrer et voir leurs enfants après eux réussir, Manele Labidi évite les clichés et les stéréotypes- son couple d'amoureux est loin de l'image que les parents de familles d'immigrés ont laissé dans quantité de fiction sur l'intégration des familles nord africaines.
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Le couple formé par Amel et Amor, propose en effet une dynamique amoureuse peu vue au cinéma. A ce jeu, la toujours emballante Camelia Jordana et Sofiane Zermani- décidemment de mieux en mieux au cinéma un vrai couple de cinéma, flamboyant, désirable.
Et le coté fantasque du projet n’empêche pas pour autant à la réalisatrice d'explorer avec acuité et intelligence les questions d’exil et de racisme à travers les récits singuliers de Mouna, Amel et Amor.
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Parmi les autres riches idées de cette fantaisie emballante, on notera la présence improbable et néanmoins charismatique d’un certain Charles Martel (génial Damien Bonnard), tout fraîchement revenu de sa bataille de Poitiers et pas encore récupéré par l’extrême droite…
Bref, voilà un film drôle, malin et décalé qui raconte une belle histoire familiale et qu'on vous conseille d'aller voir des que possible dans les salles obscures.
Reine mère- en salles actuellement
un film de Manele Labidi (Un divan à Tunis)
avec Camélia Jordana, Sofiane Zermani, Damien Bonnard et Rim Monfort