Baz'art  : Des films, des livres...
15 mars 2025

Enya Baroux, la réalisatrice de "On Ira" : " On fait des films avec et pour les autres"

Le projet a mûri pendant sept ans. Il est inspiré par ma grand-mère, dont j’ai été très proche et qui a eu la même maladie que Marie, l’héroïne de l’histoire. J’ai proposé le rôle à Hélène Vincent, qui a tout de suite adhéré au scénario. À travers la comédie, j’espère réconcilier les gens sur le sujet de la fin de vie

Actrice et désormais réalisatrice, Enya Baroux poursuit sur sa lancée après le succès de sa série Fleur bleue, diffusée sur Canal +.

Le 21 février dernier, la jeune femme  a fait escale à  Lyon  au cinéma Pathé, pour présenter en compagnie de la comédienne Hélène Vincent son premier long-métrage, "On ira"  que les spectateurs peuvent voir en salles depuis mercredi dernier.

L'occasion d'échanger avec elle sur ce projet intime et touchant :

 

Quelle est la genèse de votre 1er long-métrage, On ira  ?

 

Enya Baroux :  J’ai commencé à l’écrire il y a sept ans, lorsque j’ai perdu ma grand-mère avec qui j’étais très proche. Ce projet était pour lui rendre hommage.

Elle a eu une longue maladie et sa fin de vie a été triste alors qu’elle était très souriante et drôle.

Elle avait beaucoup d’humour. J’ai choisi de traiter ce sujet dans une comédie familiale pour que tout le monde s’y retrouve.

C’est une histoire très intime. Je l’ai écrit pour rendre hommage à ma grand-mère qui a eu une fin de vie assez triste et difficile, après une longue maladie.

Je souhaitais lui écrire un film qui corrigeait un peu le tir et lui donnait une fin de vie plus joyeuse, plus à son image, plus libre de choix aussi.

Un film pour réparer la vie, et les vivants aussi.

 

Pourquoi  avoir attendu sept ans  entre le moment ou vous songé à réaliser ce film et sa sortie ?

 

Enya Baroux :  C’est mon premier long métrage,  c’est toujours plus dur de convaincre les partenaires financiers et le sujet ne les intéressait pas.

Certains financeurs me disaient qu’on ne pouvait pas traiter ce sujet avec humour alors que pour moi, c’est justement ce qui permet d’être universel et de toucher toutes les générations.

On ne ressent pas du tout que c’est un premier film tant il paraît maîtrisé. Vous avez un parcours dans le cinéma où vous avez touché à tout, cela a du aider dans cette maitrise de la caméra....

 

Enya Baroux :  Oh, c'est gentil, ca  (sourires).. Disons que j’ai voulu découvrir plusieurs facettes de ce métier très tôt, être multi-casquette et avoir plusieurs cordes à mon arc.

J’ai été assistante à la mise en scène, notamment sur les films Quai d’Orsay et Les Tuches 2.

J’ai joué la comédie, j’ai fait de la régie. J’ai été coach pour enfants sur des tournages. J’ai fait des courts-métrages… Tous ces postes m’ont appris des choses qui aujourd’hui sont hyper nécessaires pour ma future carrière de réalisatrice.

Mais avec ce film je le sais, la réalisation est une évidence pour moi, c’est là où je me sens le plus à ma place. Lorsque j’écris et que je réalise, je me sens légitime.

J’ai aussi envie de jouer, mais je crois que plus j’écris, plus j’ai envie de jouer des projets qui sont exigeants dans l’écriture, et dans mon univers.

 

Pour un premier long, est ce que le tournage a été particulièrement compliqué à mettre en place ?

 

Enya Baroux : J’ai plongé un peu nez dans le guidon  en me disant qu’il ne fallait pas que j’hésite ou que je sois tâtonnante. J’avais tellement pensé mon film depuis des années que c’est venu naturellement

 J’ai su comment les diriger, où les emmener. Ils m’ont fait confiance à 100% et m’ont suivie.

Tout était écrit à la ligne près. Seules les scènes du bowling et du Monopoly étaient un peu plus improvisées.

L’objectif était d’avoir une mise en scène assez embarquée pour avoir la sensation d’être avec les personnages.

 

Le casting fait pour beaucoup dans la qualité du film . Comment avez-vous choisi vos acteurs ?

 

Enya Baroux : Hélène Vincent - voir notre portrait de la comédienne- est arrivée sur le projet quasiment quatre ans avant le tournage.

Elle a une forte ressemblance avec ma grand-mère, j’étais admirative de cette actrice depuis très longtemps. Je lui ai envoyé le scénario, on s’est rencontré et elle a dit oui tout de suite. Cela a été une évidence.

Elle a attendu pendant 4 ans que le film se finance, elle ne m’a pas lâchée. Parfois, quand je n’y croyais plus, elle me reboostait en me disant qu’on allait y arriver.

Ensuite, je connaissais Pierre Lottin depuis très longtemps, depuis le tournage des Tuches.

J’ai toujours eu envie de travailler avec lui. Il m’a toujours suivie et soutenue

. David Ayala et Juliette Gasquet sont arrivés plus tard, de vrais coups de cœur. Juliette a été drôle, touchante, avec une rigueur de jeu remarquable lors du casting.

Elle me ressemble aussi, les personnages sont inspirés de ma famille.

Juliette a un physique enfantin et pourtant son personnage est le plus mature de l’histoire.

 

Votre père, le réalisateur Olivier Baroux, vous a-t-il aidé pour votre 1er film ?

 

Enya Baroux :  Non. Je voulais être loin de lui pour faire ce film, seule.

Il m’a simplement donné des conseils d’un père à sa fille au moment où je ne trouvais pas le budget. Il m’a épaulé et conseillé de créer d’autres projets pour garder mon énergie.

C'est un film important pour lui, terriblement intime puisque je parle de sa mère, il n'aurait pas pu le réaliser lui même donc je crois, car il me l'a dit qu'il est assez fier de moi sur ce coup là ( sourires)

 

Les mentalités sur la fin de vie, débattue à l’Assemblée nationale en ce moment, ont-elles évolué selon vous ?

 

Depuis sept ans, je me suis beaucoup intéressée à cette loi et aux alternatives qui existent dans d’autres pays pour avoir la liberté de choisir.

Le hasard fait que le film sort quand la loi est la plus actuelle mais mon regard n’a pas changé.

Je suis toujours pour que cette loi existe. Ce que je comprends surtout, c’est que nous avons un gros problème de communication entre nous tous. Suite à la Convention citoyenne, on a vu que les gens sont prêts à en discuter.

La nouvelle génération est plus investie dans ce type de combat. Lors des avant-premières, je rencontre un public très varié.

Des gens contre le suicide assisté m’ont fait part de leur émotion durant le film sans changer d’avis mais cela permet de faire réfléchir et d’apaiser les esprits.

Ce que je veux, c’est que les gens sortent du film en étant légers et réconciliés avec la mort et la fin de vie

Le film a été très remarqué au festival du film de comédie de l’Alpe d’Huez.

 

Enya Baroux : Oui, cela a été un moment assez incroyable. J’étais stressée, car c’était la première projection en public, et les gens ont ri, ont pleuré, pendant tout le film.

Ils se sont levés 10 minutes à la fin pour nous applaudir, certains étaient vraiment en larmes. Cela m’a beaucoup touchée. Nous étions tous trop heureux.

C’était l’accomplissement. Et les filles ont reçu le prix d’interprétation féminine ex-aequo.

Ce prix est une fierté pour moi. Être sélectionné au festival du film de comédie était déjà une récompense pour un film dont on me disait que le sujet ne pouvait pas être traité en comédie.

Et en même temps au dela de ma petite personne, ce prix récompense le travail de toute une équipe. 

On fait des films avec les autres et pour les autres !

 

Avec On ira, Enya Baroux a réalisé son tout premier long-métrage.  Photo Fabrice SCHIFF

 

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